Korhogo / Conflits éleveurs-cultivateurs : Le président Lassina Néou partage son expertise
Korhogo / Conflits éleveurs cultivateurs : Le président Lassina Néou partage son expertise
Le vendredi 23 août 2024 à Korhogo, Lassina Néou dit Sielé président de l’ONG ADDEC (action pour la défense des droits des éleveurs et cultivateurs), a animé une conférence de presse. L’entretien bien instructif s’est articulé autour des objectifs fondamentaux assignés à sa structure qui depuis sa création en 2012, est pleinement engagée aux cotés de l’Etat ivoirien pour la prévention, la gestion et la résolution des conflits agriculteurs-éleveurs. Véritable homme de terrain, Lassina Néou s’est aussi prononcé sur ces différends aux conséquences parfois tragiques.
Abordant les causes des conflits, celui-ci a indiqué qu’elles sont nombreuses, variantes ayant généralement pour dénominateur commun, les dégâts de cultures et les abattages systématiques des bêtes. Pour lui, dans le milieu des agriculteurs, l’on peut citer comme causes, l’installation anarchique des éleveurs à travers les localités villageoises, parfois sur des terres réservées aux cultures ; l’occupation par des cultivateurs des couloirs de transhumance ainsi que des points d’eau pour bétails. À cette liste non exhaustive, il faut ajouter la proximité des champs, l’exposition à ciel ouvert des récoltes par les paysans sans oublier l’abattage des troupeaux soupçonnés de destructions.
Quant aux responsabilités imputées aux éleveurs, bouviers et autres bergers occasionnels, ce sont notamment le manque de professionnalisme des chargés à la surveillance des troupeaux, l’absence d’enclos et de parcs de nuit, l’utilisation des mineurs comme bouviers ou bergers, l’arrogance voire refus catégorique de certains bouviers en cas de dédommagement lié aux dégâts de cultures. Ce qui crée un sentiment de révolte chez les agriculteurs victimes.
Selon Néou Lassina, les conséquences sont entre autres la fragilisation de la cohésion sociale, la méfiance voire des accusations mutuelles, des pertes en vie humaine tant chez les cultivateurs que dans le camp des éleveurs. Sous l’angle économique, dira-t-il, les destructions massives de champs et l’abattage des troupeaux impactent négativement les revenus, entrainant ainsi la paupérisation surtout au niveau des paysans dont les productions sont saisonnières alors que l’éleveur lui, dispose de bétails qu’il vend en cas de nécessité.
Comme mesures préventives, Siélé préconise l’apprentissage d’autres métiers tels que la maçonnerie, la boucherie, l'alphabétisation, la scolarisation, l’élevage ou l’agriculture moderne au regard de l’amenuisement des parcs à bétails et aux affres de l’effroyable phénomène mondial de réchauffement climatique qui occasionne la rareté des aires propices à l’élevage.
Entièrement en phase avec la politique gouvernementale de scolarisation obligatoire. De plus, il plaide en faveur de la reconduite de l’ancienne méthode où la SODEPRA dégageait des aires de pâturage avec un contrôle strict des bétails. Une stratégie qui, en son temps permettait d’éviter les conflits. En outre, l’Etat doit renforcer sa politique d’assainissement, de modernisation de l’agriculture et de l’élevage qui sont non seulement pourvoyeurs de nombreux emplois, mais aussi vecteurs majeurs de l’économie nationale. À cette liste de solutions s’ajoute l’initiation d’une plateforme d’interface entre les deux entités de même que des séances de sensibilisation des populations rurales aux fins de trouver une formule consensuelle de gestion rationnelle des espaces.
DAVID KONE