UFHB/Première édition du FUACAA: Tiken Jah Fakoly enfin célébré dans son pays
UFHB/Première édition du FUACAA: Tiken Jah Fakoly enfin célébré dans son pays

Une scène en effervescence! Un public en liesse ! Une musique frénétique jaillissant des haut-parleurs ! Et un artiste en pleine prestation ! Ce mercredi 9 avril 2025, l’Amphi A de l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan s’est transformé en une véritable salle de concert.
Les organisateurs, les universitaires et les invités d’honneur ont posé pour une photo souvenir à l’Amphi A de l’UFHB
Et pourtant, il ne s’agissait que de la cérémonie d’ouverture de la première édition du Festival universitaire des arts et cultures d’Afrique et d’ailleurs (FUACAA), que les organisateurs avaient initialement pensé comme un colloque d’hommage sobre.
Face à une foule d'étudiants, d’universitaires, de représentants de l’Université (dont les présidents de l’UFHB), et d’élus de la région du Kabadougou – collectivité invitée d’honneur – l’icône du reggae ivoirien Tiken Jah Fakoly a été porté en triomphe. Entre cris de joie, vivats et salves d’applaudissements, l’auditoire, littéralement en symbiose avec l’artiste, a chanté avec ferveur chacun de ses titres.
Visiblement très ému, Doumbia Moussa, alias Tiken Jah Fakoly, a quelque peu larmoyé en s’adressant au public : « Je suis tellement ému. Je voudrais dire merci aux organisateurs de ce colloque, merci à tous les panélistes venus de loin.
Ce matin, je suis comblé, car c’est la première fois que je suis honoré dans mon propre pays, après 25 ans de carrière. J’ai été célébré en France, en Irlande, et ailleurs, pour ma musique et mon combat, mais aujourd’hui, c’est ici, chez moi. »
Celui que l’on surnomme le ‘’Descendant du Vieux Koumba Fakoly Daaba’’ – neveu de l’empereur Soumangourou Kanté, roi du royaume du Sosso au XIIIᵉ siècle – a réaffirmé sa vocation d’artiste engagé : « Le reggae est une musique en mission depuis Bob Marley. Elle donne la parole aux sans-voix. C’est ce que je m’efforce de faire depuis des années, et je continuerai, car le peuple a besoin qu’on parle pour lui. Les mots me manquent... mais c’est moi qui dois dire merci. »
Une reconnaissance enfin à la hauteur
Représentant le président de l’UFHB, le professeur Dion Yodé Simplice a livré une allocution poétique et philosophique : « Il y a des artistes dont le travail est reconnu par les hommes, d’autres par les dieux, par les étoiles, la terre et le ciel... Si Tiken Jah s’interroge sur l'absence de reconnaissance dans son propre pays, qu’il sache que la nature elle-même lui rend hommage. Le soleil, la lune, les oiseaux du matin : tous chantent pour lui. »
Le vice-président a insisté sur la mission du festival : promouvoir l’excellence artistique et culturelle dans le milieu universitaire. « Ce festival est une plateforme pour révéler les talents de nos étudiants et renforcer l’unité africaine. La culture est le socle de notre identité collective. Elle est aussi un moteur d’intégration et de développement. », a souligne le philosophe Dion Yodé Simplice.
Le FUACAA, une célébration vibrante de l’art et de la conscience
Dr Koné Bassirima, commissaire général du FUACAA et enseignant-chercheur au département des Arts de l’UFRICA (UFR Information, Communication et Arts), a salué l’engouement général. Trop ému pour contenir sa joie, il a même entonné en acapella quelques paroles du célèbre morceau « Plus rien ne m’étonne » (tiré de l’album Françafrique, 2002), déclenchant une nouvelle vague d’enthousiasme dans la salle.
Quant à la conférence inaugurale, elle a été animée par le Dr Sidiki Bamba, nouveau directeur du Centre de recherche en communication (CERCOM). Sur le thème « Tiken Jah Fakoly : l’art et l’artiste au cœur du local et du global », il a dressé un portrait à la fois synthétique et profond de l’artiste. « Tiken Jah Fakoly est à la fois héritier et innovateur du reggae engagé. Sa musique, profondément panafricaine et radicale dans ses revendications, prolonge le combat des pionniers tout en l’adaptant aux réalités africaines contemporaines. »
Le maître de conférences a souligné l’intégration d’instruments traditionnels dans l’univers sonore de l’artiste, ainsi que son rôle de porte-voix social et politique, mettant le reggae au service du développement durable.
Un hommage artistique total
Tiken Jah Fakoly, visiblement ému, reçoit l’ovation du public universitaire lors de la cérémonie d’ouverture du FUACAA à l’UFHB
Des intermèdes musicaux ont ponctué l’événement, assurés par la fanfare de l’UFHB, la chorale de l’UFRICA, ainsi que la troupe théâtrale Erêba, qui a mis en scène une fresque sur le ‘’chef de guerre’’ Vakaba Touré, fondateur du Royaume du Kabadougou.
Le FUACAA, ouvert le mercredi 9 avril, se poursuivra jusqu’au 12 avril autour du thème central : ‘’Tiken Jah Fakoly : une voix du reggae au service du développement durable en Afrique’’.
Tiken Jah Fakoly est né le 24 juin 1968 à Odienné, dans le nord-ouest de la Côte d’Ivoire.
Patrick KROU