Korhogo : Une initiative pour éradiquer l’orpaillage illégal dans les Savanes
Korhogo : Une initiative pour éradiquer l’orpaillage illégal dans les Savanes
La campagne nationale d’information et de sensibilisation sur l’orpaillage illégal dans le District des Savanes, initiée par le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Mamadou Sangafowa Coulibaly, s’est achevée ce samedi 20 juillet à Korhogo.
Entamée le jeudi 18 juillet 2024 à Kong et suivie de l’étape de Boundiali, cette campagne a été une tribune idéale pour évoquer les graves dangers du pillage des richesses du sous-sol ivoirien, connu sous le vocable d’orpaillage illégal.
Déterminé à y mettre un terme, l’émissaire du gouvernement a expliqué aux populations, notamment aux chefs traditionnels et propriétaires terriens, les enjeux de cette lutte commune et les mesures envisagées par l’État ivoirien pour assainir cette activité et intéresser les jeunes et les opérateurs économiques.
« Cette question de l’orpaillage illégal soulève des problèmes sécuritaires assez sérieux qui ont amené le Président de la République à l’ériger au rang des priorités nationales », a-t-il déclaré.
L’orpaillage illégal a des conséquences hautement négatives, telles que l’appauvrissement des sols cultivables, la contamination des ressources phréatiques par des produits chimiques toxiques, et la fragilisation du tissu social due au banditisme, à la prostitution, et à la consommation de drogues.
Face à ce sombre tableau, le ministre a exhorté les chefs traditionnels, les propriétaires terriens et les organisations de la société civile à s’approprier pleinement cette campagne pour éradiquer ce fléau devenu une préoccupation majeure pour le gouvernement.
Selon Mamadou Sangafowa, une gestion rationnelle de ce métal précieux pourrait générer de la richesse pour les populations et rehausser l’économie nationale aux côtés des spéculations agricoles telles que le binôme café-cacao, le coton et l’anacarde.
« Nous devons tirer exemples et leçons des pays qui, avant le nôtre, ont assis leur développement sur les ressources extractives. Le défi pour nous ici, c’est d’être de la catégorie de ceux à qui cela a apporté prospérité, paix et développement », a-t-il soutenu.
Dans son exposé, le directeur général des Mines et de la Géologie, Coulibaly Seydou, a évoqué les principales causes de la persistance de cette pratique incontrôlée.
Parmi elles, le coût en perpétuelle hausse du gramme d’or, passé de 3.000 à 8.000 FCFA entre 2000 et 2010, à plus de 45.000 FCFA aujourd’hui, l’amour du gain facile, et la complicité des autorités administratives et coutumières.
La chute des produits agricoles et la méconnaissance du code minier ivoirien par les propriétaires terriens, qui ignorent le droit de l’État de disposer du sous-sol, contribuent également à ce phénomène.
Selon des études, chaque année, 142 tonnes d’or, d’une estimation financière de 4.609 milliards FCFA, sont tirées de cette pratique illégale, entraînant une perte de 744 milliards FCFA pour l’État.
Cette initiative a été applaudie par le patron de la Chambre des têtes couronnées, Sa Majesté Amon Tanoé, représenté par le chef de canton central de Korhogo, Issa Coulibaly.
À l’unanimité, les porte-paroles des chefs traditionnels, des groupements féminins, de jeunesse, des mutuelles et des élus de la région du Poro ont salué cette rencontre, qui augure des perspectives nouvelles pour éradiquer l’orpaillage illégal du District Autonome des Savanes.
Ils ont également exprimé la nécessité d’éviter que cette pratique ne constitue une source de financement pour l’extrémisme violent. N. Yéo, intervenant au nom des chefs traditionnels, a formulé une doléance pour faciliter le processus d’acquisition d’autorisation et d’agréments nécessaires à la pratique de l’orpaillage légal, qui intéresse de nombreux jeunes.
Notons que cette campagne d’information et de sensibilisation faisait suite à la séance de travail avec la Chambre nationale des rois et chefs traditionnels, tenue le 8 décembre 2023 à Yamoussoukro, sur les conséquences socio-économiques, environnementales et sécuritaires de l’orpaillage illégal.
David Koné, Correspondant, district des Savanes