PDCI-RDA : Le vieux baobab résiste encore au vent
PDCI-RDA : Le vieux baobab résiste encore au vent

Il y a des arbres que l’on croit fatigués, mais dont les racines plongent plus profondément qu’on ne l’imagine. Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), doyen des formations politiques du pays, continue d’étonner.
Après des mois de tumulte, de contestations internes, d’interrogations sur la nationalité de son président, et d’ombres jetées sur sa gouvernance, le parti vient pourtant de réaffirmer, à Bouaké, qu’il est loin d’avoir dit son dernier mot.
Dans un climat politique marqué par l'incertitude, les querelles de leadership et les tentatives d'infiltration, ce congrès électif ressemblait à un test de survie.
Et il faut le dire : le PDCI a tenu bon. Mieux, il a parlé d’une seule voix en plébiscitant, pour la troisième fois en moins de deux ans, Tidjane Thiam. Il y a là une forme de résilience à saluer, et même une volonté obstinée de tourner la page du doute pour se remettre en ordre de bataille.
Mais à quel prix ? Ce congrès qui s'est tenue sur tout le territoire national n’a pas été qu’un événement festif. En coulisse, les luttes intestines n’ont pas disparu.
Elles ont juste changé de forme. L’épisode de Kouamé Benger, cet homme présenté comme militant d’un autre parti venu contester la légitimité du processus interne du PDCI, illustre bien à quel point le parti d’Houphouët-Boigny reste un enjeu politique pour beaucoup. Quand on tente de saboter une maison, c’est bien parce qu’elle tient encore debout.
Et c’est justement ce qui rend l’instant crucial : le vieux parti est à un tournant. Tidjane Thiam a désormais toutes les cartes en main. L’État ivoirien le reconnaît comme Ivoirien, les militants le réaffirment comme président, et l’appareil du parti s’aligne tant bien que mal derrière lui. Il ne s’agit plus de subir, mais d’agir. De redevenir une force de proposition nationale, moderne, ouverte, en prise avec la jeunesse et les enjeux de l’heure.
Il y a, dans cette nouvelle phase, une opportunité rare : celle de réconcilier le poids de l’héritage avec la nécessité du renouveau. Thiam est un symbole de technocratie et de compétence internationale, mais il devra aussi devenir un homme de terrain, un homme de chair, à l’écoute de ses militants et des réalités locales. Car le risque est là : à force de se battre pour le sommet, on oublie les fondations.
Le PDCI n’a plus droit à l’erreur. Chaque nouvelle crise pourrait être la dernière. Mais chaque épreuve traversée est aussi une preuve de vie. Et c’est peut-être cela, la leçon de Bouaké : quand le baobab plie, ce n’est pas pour tomber, mais pour mieux résister au prochain orage.
WK