Paquinou 2025 / Les gares d’Abidjan débordées, les Ivoiriens en route pour les retrouvailles : Des départs en cascade dès l’aube

Paquinou 2025 / Les gares d’Abidjan débordées, les Ivoiriens en route pour les retrouvailles : Des départs en cascade dès l’aube

17/04/2025 - 15:56
18/04/2025 - 18:08
Paquinou 2025  / Les gares d’Abidjan débordées, les Ivoiriens en route pour les retrouvailles : Des départs en cascade dès l’aube
Paquinou 2025 / Les gares d’Abidjan débordées, les Ivoiriens en route pour les retrouvailles : Des départs en cascade dès l’aube

Il est à peine 4 heures du matin, ce jeudi 17 avril 2025, mais les gares routières d’Adjamé, cœur du transport interurbain à Abidjan, sont déjà prises d’assaut.

Hommes, femmes et enfants, valises et ballots entassés, attendent fébrilement leur départ pour l’intérieur du pays.  La Pâques, célébrée cette année le 20 avril, rime avec grands départs. Et chez les Baoulé, elle prend une tournure unique : c’est “Paquinou”, la grande fête des retrouvailles familiales et communautaires.

«On est là depuis 6 heures. Je veux vite rentrer à Bouaké pour me préparer pour la fête», confie Amenan Chimène, une jeune fille assise sur ses bagages. « Je veux aller fêter en famille et j’ai hâte de les voir», ajoute-t-elle, les yeux brillants d’émotion.

Des chiffres record de voyageurs

Selon Konan Michel, chef de gare de UTB d’Adjamé, la pression est montée d’un cran. «Aujourd’hui, on prévoit 70 départs, dont 50 uniquement pour Bouaké. Vendredi, jour de “finale”, on table sur 200 départs. On transporte près de 7 000 passagers par jour», déclare-t-il.

Cette ruée vers le centre du pays s’explique, selon plusieurs passagers, par la forte envie de renouer avec les traditions. «C’est la grande fête chez nous. Paquinou, c’est sacré !», lance Norbert Konan, sac au dos et visage perlé de sueur.

Ambiance populaire, mais tension palpable

Le décor à Adjamé est bouillonnant : klaxons stridents, vendeurs ambulants haranguant les passagers, haut-parleurs diffusant des musiques festives. Mais derrière l’ambiance festive, certains s’impatientent. «Je suis venue à 5 heures et je suis au 10e départ. Je voulais arriver au village tôt…», regrette dame Kouassi véronique, visiblement fatiguée.

De nombreuses jeunes filles de ménage abandonnent momentanément leurs emplois pour retrouver leurs proches à Sakassou, Bouaké, Daoukro, Beoumi, ou encore Dimbokro. Ce qui provoque aussi quelques tensions dans les foyers abidjanais.

Sécurité renforcée pour encadrer l’effervescence

Avec cette affluence exceptionnelle, les autorités ont renforcé la sécurité. De l'Église Universelle du Royaume de Dieu jusqu’à la gare UTB, des patrouilles policières assurent une présence dissuasive. À la gare d’UTB, des 4x4 stationnés et des agents scrutent chaque recoin dans l’optique d’assurer la sécurité des passagers.

«Tout est mis en œuvre pour protéger les personnes et les biens. On veille également à éviter les accidents», assure Touré Abdoulaye Kader, Commissaire de Police.

Selon le premier responsable de la gare d'UTB d’Adjamé, «Nos chauffeurs ont reçu des consignes strictes. Des bonus sont même promis à ceux qui éviteront les accidents. Nos cars sont équipés de GPS pour les suivre en temps réel.»

Un désir fort de retrouvailles et de célébration

Pour beaucoup, Paquinou 2025 est l’occasion de tourner la page des angoisses, des difficultés à Abidjan. «Je vais voir la famille et en profiter pour fêter dignement. C’est un moment que j’attendais depuis longtemps», témoigne dame Koffi Ruth.

Les cars manquent face à la demande, mais la détermination des voyageurs reste intacte. Dans cette marée humaine, chacun espère pouvoir retrouver les siens, danser au son du “Baoulé Beat” et déguster le fameux foutou au kabato. Paquinou, bien plus qu’une fête, est un véritable pèlerinage culturel et affectif.

 

Josué Koffi