Korhogo / Domaine Agropastoral : Que de galère pour les bouviers !
Korhogo / Domaine Agropastoral : Que de galère pour les bouviers !
Région propice à la pratique de l’élevage, le Poro compte une multitude de parcs à bœufs gardés par des bouviers. Mais, ces gardiens de troupeaux vivent dans des conditions précaires tel que l’avenir, notamment celui de leurs progénitures semble hypothéqué. Environnement insalubre, enfants non scolarisés, rations alimentaires insuffisantes et mépris des employeurs meublent tristement le quotidien des bouviers…
Cadre de vie pitoyable
Katiofi, à quelques encablures de Korhogo. Il est 09h30.Le soleil projette ses impitoyables rayons. La famille Tall se réveille. Sa compagne prépare le petit déjeuner sur un foyer de fortune, au milieu de la cour.
Assis sous un hangar susceptible d’être emporté par le moindre coup de vent inopiné, la maisonnée attend avec impatience, ce repas matinal fait de bouillie de mil et du lait de vache trait la veille.
Adossé au mur de l’une des trois pièces exiguës qui servant de dortoirs, le chef de famille qui perçoit 10.000 FCFA comme salaire chaque mois scrute l’horizon tandis que, les bêtes amassées dans un enclos en plein abandon et perturbées par des essaims de mouches, lancent désespérément des beuglements pour solliciter l’aide humaine. Il leur faut s’abreuver avant d’être conduites vers le bas-côté où ils puissent paître.
« Nous sommes plus d’une dizaine à partager les petites chambres que vous voyez », déplore le septuagénaire, surveillant de bétails il y a maintenant quinze bonnes années. Dans la localité voisine de Moroviné, commune de Karakoro, les habitants vaquent paisiblement à leurs occupations quotidiennes.
Adou Tall dont le lieu d’habitation est situé à proximité du village jette des regards affectifs sur sa dulcinée occupée à traire une vache visiblement docile. Elle ira vendre au marché le lait ainsi recueilli afin de se procurer la pitance de huit personnes parmi lesquelles, quatre gosses hors du cursus scolaire. « Mon patron me verse une maigre paie mensuelle de 12.500 FCFA. Ici, se procurer de l’eau potable n’est pas du tout facile », s’alarme le bouvier.
Bravant la canicule, notre équipe de reportage atteint Nonsorokaha (Komborodougou).Là, nous croisons Diallo Sitta.Après les civilités celui-ci évoque les difficultés qui jalonnent son quotidien depuis cinq ans, qu’il s’est installé dans ce faubourg.
« J’ai sept enfants et leur maman à ma charge ; le propriétaire du troupeau que je surveille me donne 12.500 FCFA comme salaire à la fin du mois. En cas de maladie et autres évènements, je ne bénéficie d’aucun soutien financier. Je n’ai qu’une petite parcelle où je cultive un peu de maïs pour nourrir ma famille ».Regrette-t-il.
Des salaires de misère !
Les bouviers que nous avons rencontrés ont un dénominateur commun : salaires mensuels dérisoires en deçà du SMIG, insuffisants pour se procurer un sac de riz encore moins scolariser les enfants. 10.000 à 27.500 FCFA.
Des appels au secours
Ceux-ci ont émis l’ardent vœu d’être logés décemment avec des rémunérations qui permettraient de satisfaire les besoins existentiels au regard de la cherté qu’impose la société de plus en plus matérialiste.
Souhait légitime que partage entièrement le président de l’ONG Action pour la défense des droits des éleveurs et cultivateurs (ADDEC).Pour y parvenir Néou Lassina dit Siélé, exhorte à une synergie de mécanismes capables d’améliorer le quotidien de ces bouviers indissociables des agriculteurs avec lesquels ils constituent des piliers pour l’économie nationale.
DAVID KONE : Correspondant, district des savanes