BINA 2024/8e édition Augustin Kassi expose son reniement du "Naïf" à La Rotonde des Arts
BINA 2024/8e édition Augustin Kassi expose son reniement du "Naïf" à La Rotonde des Arts
En marge de la 8e édition de la Biennale internationale des Arts d’Abidjan (BINA), La Rotonde des Arts contemporains accueille, du 4 au 30 décembre 2024, l’exposition du peintre Augustin Kassi.
Le mercredi 4 décembre dernier a eu un vernissage, dans les locaux de la galerie à Abidjan-Plateau, pour présenter les nouvelles créations.
Bien qu’Augustin Kassi ait promu l’art des « peintres naïfs » à un moment de sa carrière, il ne se réclame plus de ce mouvement désormais. « Aujourd’hui, quand on regarde l’exposition, on ne peut plus dire que je suis un artiste naïf.
On ne peut pas dire ça, car j’aborde plusieurs sujets autour de la femme, mais de différentes manières, avec plusieurs techniques et médiums. Je ne suis pas figé dans un style.
C’est vrai que j’ai commencé en tant qu’artiste naïf, en peignant des paysages et des scènes de la vie quotidienne, mais aujourd’hui, je me suis spécialisé dans l’exploration de l’univers des femmes, un voyage à travers leur représentation », a expliqué Augustin Kassi.
Le peintre a toutefois affirmé qu’il était resté fidèle à son thème de prédilection : la femme. « Mon thème, c’est la femme. La femme dans tous ses états.
La femme de tous les âges. D’abord la femme amie, la femme mère, la femme sœur, la femme villageoise, la femme citadine, la femme au travail.
En tout cas, je la tourne et la retourne, si vous voulez, un peu à ma guise. Car à ce niveau-là, c’est moi le créateur. Je ne laisse rien au hasard. J’occupe l’espace et je fais en sorte qu’elles occupent aussi tout l’espace du tableau.
Elles sont présentes, je défile avec elles, je m’assois avec elles. Là où elles étaient rejetées, moi, je les ai acceptées. Et elles m’ont également adopté, et ensemble, nous avançons sur ce chemin », a-t-il ajouté.
L’exposition présente une quarantaine d’œuvres, permettant à l’artiste de revenir sur les couleurs de sa période de peintre naïf. Ce retour donne lieu à de petits tableaux et portraits aux visages joyeux, disposés harmonieusement.
Pour cette BINA 2024, Augustin Kassi a mis un point d’honneur à allier art et cacao à travers un circuit touristique. « Je suis un enfant de la brousse. Mes parents étaient agriculteurs, des planteurs.
Notre richesse provenait vraiment de la plantation, c’est de là que nous tirions tout. Le cacao, surtout, nous a été donné comme une bénédiction, et c’est par là que nous obtenons nos ressources financières.
C’est aussi de là que la Côte d’Ivoire tire une grande partie de ses ressources pour se développer. Étant issu de ce milieu, j’ai voulu allier ce que je suis devenu à ce produit, le cacao.
J’ai donc eu l’idée d’inviter mes amis, à chaque fois qu’ils viennent, à faire ce trajet pour découvrir d’où je viens et connaître le produit qui m’a façonné. C’est ainsi que j’ai créé la route du cacao, qui est destinée à grandir et, si Dieu le veut, à devenir un circuit touristique », a-t-il précisé.
Le professeur Yacouba Konaté, directeur de La Rotonde des Arts, a lui salué le soutien pratique apporté par la Fondation Nour Al Hayat et la galerie elle-même pour la réalisation de cette exposition. Il a également retracé succinctement le parcours de l’artiste.
« Je pense que Kassi est un repère dans l’histoire de l’art et de la culture en Côte d’Ivoire, car il fait partie de ceux qui ont introduit le courant dit "naïf". Il n’a pas toujours été apprécié, mais avec sa sensibilité, il lui a donné une écriture bien particulière.
C’est spécial, car les peintres de sa génération ont fait l’école de Bingerville, où ils apprenaient à reproduire des tableaux de maîtres. Ensuite, ils ont évolué vers les forêts tropicales et plus tard vers les grandes scènes de marché. Kassi continue de travailler ces thèmes avec adresse et talent.
Puis, à un moment donné, il a choisi de s’intéresser à la femme comme sujet principal : la femme en situation de service public sur les marchés. Il a représenté la femme en soulignant ce que l’on pourrait appeler les canons de beauté en Afrique.
Je pense qu’il est de la responsabilité des artistes de témoigner des valeurs inhérentes à leur société. Ce travail est, à bien des égards, exemplaire. Je suis très heureux de voir son évolution, et sur cette ligne de recherche artistique, il y a toujours la figure de la femme en action », a déclaré le professeur, philosophe et critique d’art.
De nombreux artistes plasticiens venus de Chine, des Pays-Bas, de Tunisie, du Maroc, du Nigéria, du Cameroun, du Togo, du Bénin, du Mali, du Burkina Faso, du Sénégal et du Niger sont présents à Abidjan pour célébrer les arts visuels.
Patrick KROU