Élections démocratiques en Afrique : «Le peuple doit être la sentinelle qui veille sur la démocratie», Pr Guidy Wandja

Élections démocratiques en Afrique : «Le peuple doit être la sentinelle qui veille sur la démocratie», Pr Guidy Wandja

15/06/2024 - 21:10
Élections démocratiques en Afrique : «Le peuple doit être la sentinelle qui veille sur la démocratie», Pr Guidy Wandja
Élections démocratiques en Afrique : «Le peuple doit être la sentinelle qui veille sur la démocratie», Pr Guidy Wandja

En tournée européenne pour la promotion de son livre intitulé ‘’Élections démocratiques et Mathématiques’’, Pr Joséphine Guidy Wandja était, le 26 mai 2024, l’invitée de l’émission ‘’Et si.... vous me disiez toute la vérité’’ diffusée sur TV5 Monde. La démocratie, selon Pr Guidy Wandja, est une technologie occidentale.

C'est comme un médicament qui s’administre relativement à une posologie. Et c'est ainsi la démocratie et les élections démocratiques. «Je prêche pour qu'on puisse enseigner, même dans les universités, qu'on puisse créer des unités de formation; enseigner aux élèves comme aux étudiants, ce que c'est que la démocratie et ce que c'est que les élections démocratiques.

La démocratie est un mode de désignation de ceux qui devaient assumer les fonctions d'État. La Grèce antique et l'Italie antique, qui à l'époque étaient constituées de villages, comme des villages, ce n'étaient pas des grandes nations.

À l'époque, il y avait le mode le plus connu, c'était le tirage au sort. Donc, pour tirer au sort, on devait avoir une liste d'aptitudes et de caractéristiques que doivent avoir les différents candidats. Maintenant, on sélectionne les candidats et on tire au sort.

Mais lorsque les États, la Grèce par exemple, est sortie d'une conglomération de villages et est devenue une nation, il a fallu inventer un mode de choix. Et au 18e siècle, les élections sont apparu comme mode de choix. Sinon, au départ dans la démocratie, il n'y avait pas les élections», a expliqué cette agrégée et Docteure d’État en Mathématiques. 

À en croire cette unversitaire, si la pillule de la démocratie a du mal à passer sur le continent berceau de l’humanité, c'est par manque de connaissances. Pour étayer son argumentaire, Pr Guidy Wandja a cité un bel exemple.

«Dans la situation des élections actuelles, lorsqu’un pays à un million d'habitants, vous en avez 500 000 citoyens, parce que tous les citoyens ne sont pas des électeurs.

Et supposons que parmi les 500 000 citoyens, il y ait par exemple 200 000 électeurs. Alors, quel est par exemple le taux de participation ?

C'est 200 000 divisé par 500 000, ça fait à peu près 40 %. Si les 200 000 élisent la personne, celle-ci est élue à 90 % par exemple, ça fait que 180 000 personnes l'ont élue.

Et voilà le système démocratique qui va amener quelqu'un qui est élu par 180 000 personnes à gouverner un million de personnes, comme s'il avait eu la majorité.», a commenté la mathématicienne ivoirienne. Et d’ajouter : «Sinon, chaque pays peut avoir son système électoral, démocratique.

L'essentiel, c'est que ce soit dans un pays démocratique. Il faut que nous adaptions notre démocratie. Et c'est pour ça que nous avons des problèmes. Parce que ceux qui savent calculer se disent mais comment, 20% de la population et puis on gouverne la population comme si on avait la majorité.»

Pr Guidy Wandja a précisé que son livre visait à mener le peuple a être une sentinelle des élections. «Tant que le peuple n'est pas la sentinelle des élections démocratiques, il y aura toujours des problèmes entre les dirigeants. Parce qu'il y a toujours, nous le voyons ces temps-ci, il y a crises post-électorales.

Pour les éviter, la première femme nommée Directrice de cabinet de l’enseignement supérieur en Côte d’Ivoire a invité les citoyens à devenir des électeurs citoyens. «L'électeur citoyen, en fait, je veux parler de l'électeur sentinelle.

C'est-à-dire qui fait en sorte que l'élection ne soit pas un ring de violence. Il fait en sorte que l'élection soit apaisée, qu'il n'y ait pas de morts d'hommes. Or nous en Afrique, on est un peu loin de là. Il n'y a jamais zéro mort», a-t-elle conclu.

En Côte d’Ivoire, les élections présidentielles sont prévues pour octobre 2025, mais déjà on assiste à une levée de boucliers dans les quartiers généraux des partis politiques.

Cette atmosphère sociopolitique se cristallise de jours en jours au grand dam de la population ivoirienne appelée aujourd’hui, par le Pr Guidy Wandja, à etre des électeurs citoyens. Il faut espérer que ce message sera entendu pour des élections présidentielles démocratiques et apaisées en Éburnie.

 

Patrick KROU