Balliet Fernand, président de la CNDPEP-CI déclare : « La réglementation du métier de détective privé en Côte d'Ivoire est en préparation.»

Balliet Fernand, président de la CNDPEP-CI déclare : « La réglementation du métier de détective privé en Côte d'Ivoire est en préparation.»

12/12/2024 - 11:12
Balliet Fernand, président de la CNDPEP-CI déclare : « La réglementation du métier de détective privé en Côte d'Ivoire est en préparation.»
Balliet Fernand, président de la CNDPEP-CI déclare : « La réglementation du métier de détective privé en Côte d'Ivoire est en préparation.»

En Côte d'Ivoire, la profession de détective privé a longtemps évolué dans l'informel, comme cela a été observé dans le cadre d'un dossier consacré à ce corps de métier. Cette situation est sur le point de changer. Selon Balliet Fernand, président de la Chambre des détectives privés et enquêteurs professionnels de Côte d'Ivoire (CNDPEP-CI), une réglementation et un cadre juridique sont en cours de préparation pour réguler et encadrer cette activité. À terme, ce processus promet de professionnaliser le secteur, tout en renforçant la confiance des entreprises et des citoyens dans les services d'enquête privée, contribuant ainsi à l'économie nationale. Entretien !

Balliet Fernand, président de la CNDPEP-CI, lors d'un entretien, évoque les démarches entreprises pour la reconnaissance juridique de la profession en Côte d'Ivoire et l'importance d'un cadre légal pour structurer le secteur.

 Notre dossier révèle que de nombreux Ivoiriens ignorent l'existence de détectives privés et d'enquêteurs professionnels en Côte d'Ivoire. Que faites-vous pour faire connaître votre métier ?

Pour promouvoir le métier, nous participons régulièrement à des émissions médiatiques. Personnellement, en tant que président, je finance les interventions, surtout à la radio. Lorsque j'ai l'opportunité d'être invité sur des plateaux télévisés, je saisis l'occasion pour défendre notre cause. Il est important de communiquer, que ce soit à travers les médias traditionnels ou les réseaux sociaux.

Il est également important d'organiser des séminaires. Nous en prévoyons un en janvier, même si le thème n'est pas encore finalisé. L'idée principale sera d'examiner la place des agents de recherche privée dans le tissu économique ivoirien. Nous voulons démontrer comment les détectives privés, comme on les appelle communément, peuvent contribuer au développement économique.

Aujourd'hui, lorsqu'on parle de détective, les gens pensent surtout à des affaires d'infidélité. Mais nous souhaitons plutôt mettre en avant leur rôle dans l'économie ivoirienne. Ce séminaire, que nous organisons à Grand-Bassam, visera à nous faire connaître des entreprises, qui seront invitées. Nous mettons également en avant les diplômes délivrés par notre centre de formation pour que nos concitoyens comprennent que l'activité de détective privé ne doit pas rester dans l'informel.

Un enquêteur doit avant tout être professionnel et avoir reçu une formation, comme dans tout autre métier. C'est un aspect sur lequel nous insistons, même si cela reste insuffisant. Mais, bien sûr, la communication demande des moyens financiers. Or, dans un secteur d'activité qui, légalement, n'a pas encore de cadre juridique, c'est compliqué. Il y a beaucoup de doutes concernant le professionnalisme et la crédibilité de notre métier. Cela complique la recherche de sponsors pour nos événements.

Nous nous autofinançons donc, mais il n'y a pas beaucoup de personnes prêtes à investir. Cette limite financière impacte nos efforts de communication. Il s'agit aussi d'un problème de compréhension de notre métier. C'est pourquoi nous faisons beaucoup de pédagogie. Aujourd'hui, ce que nous pouvons faire avant tout, c'est éduquer. C'est dans cette optique que nous avons créé l'école, pour mieux faire connaître notre métier. Maintenant, il est vrai qu'il faut encore intensifier nos efforts de communication.

Dans l'ombre, un détective privé observe silencieusement, scrutant chaque détail avec précision, à la recherche de la vérité cachée au cœur de la ville. (Crédit photo DR).

 Qu'attendez-vous concrètement de l'État ?

Nous attendons beaucoup de l'État. C'est son intervention qui permettra de clarifier la situation. Actuellement, il existe plusieurs secteurs d'activité. J'ai mentionné tout à l'heure l'économie.

Il y a des entreprises qui ne reconnaissent pas les détectives privés. Certains savent ce qu'est un détective privé, mais ignorant qu'il peut intervenir dans le cadre de leurs activités. Je vous donne un exemple : au sein de notre école de détectives privés, qui collabore avec le Centre de Formation aux Métiers de Sécurité et de Management des Risques, nous proposons des stages.

Actuellement, en Côte d'Ivoire, la formation de détective privé dure deux mois. C'est insuffisant, mais dans les conditions actuelles, c'est acceptable. Cela consiste en un mois de formation en école et un mois en entreprise. Si un décret reconnaissait nécessairement la profession, les entreprises viendront d'elles-mêmes chercher des stagiaires. 

À la fin de la formation, nos stagiaires sont capables de rechercher des débiteurs, de procéder à des recouvrements en enquêtant sur la solvabilité des clients, et de protéger les entreprises contre des clients peu scrupuleux.

Accepter des stagiaires détectives privés serait donc très bénéfique pour ces entreprises. Malheureusement, en raison du vide juridique autour de notre métier, les entreprises que nous sollicitons pour les stages de nos étudiants sont souvent réticentes. Elles ne savent même pas sous quel titre ou quelle fonction inscrire ces stagiaires dans leur convention de stage.

Et cela constitue un gros problème. Elles craignent également que prendre un stagiaire détective privé puisse ouvrir la porte à des fuites de leurs informations confidentielles. Tant que nous n'aurons pas ce cadre juridique pour reconnaître notre métier, nous continuerons à rencontrer des difficultés. Les gens pensent souvent que l'infidélité est un sujet secret, et ils veulent donc faire appel à des personnes discrètes.

Certains clients disent même : « Non, je ne peux pas faire appel à une entreprise déclarée, car je ne veux pas que cela se sache. » C'est cette mentalité qui prévaut. Ils préfèrent travailler avec des personnes non déclarées, dans l'informel, au risque de ne jamais retrouver ces individus après coup, car, pour eux, découvrir une infidélité, que ce soit du mari ou de la femme, est une affaire personnelle, un sujet intime.

Cela ne doit pas être dévoilé. Il y a donc toute cette mentalité à changer. Pourtant, notre métier ne se limite pas à cela. Il est donc essentiel pour nous d'avoir un cadre juridique reconnu qui instaurera la confiance auprès de nos concitoyens.

Que faites-vous pour obtenir ce cadre juridique ?

Nous avons déjà pris des initiatives. Nous-mêmes avons fait ce que j'appelle un projet de décret, que nous avons soumis aux différents ministères et à l'administration depuis septembre 2023. Je suis satisfait, car depuis un mois, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité a donné des instructions à la Direction de la profession réglementée, à la DGAT (Direction Générale de l'Administration Territoriale), pour nous recevoir. Nous avons donc été reçus. Ils nous ont soumis un projet sur lequel nous avons travaillé. Nous leur avons fait un retour, et maintenant, nous attendons la suite.

Nous sommes très contents. Nous sentons que nos efforts ont porté leurs fruits. Le fait que le gouvernement s'empare maintenant du sujet, même si les résultats ne seront peut-être pas immédiats, mais qu'il y ait une réflexion en cours, est déjà un grand progrès. C'est un point positif. J'espère qu'au cours de 2025, nous verrons des avancées.

Certes, nous sommes dans une année électorale, ce qui pourrait retarder le processus, mais pour moi, cela devrait plutôt accélérer les choses. En période électorale, il y a beaucoup d'activités, donc impliquer les détectives privés dans la collecte d'informations serait extrêmement important.

En Côte d'Ivoire, tous ceux qui souhaitent contacter un détective, ou qui veulent obtenir des informations sur les détectives privés, peuvent nous appeler au 05 76 47 72 79 . Ce numéro est également disponible sur WhatsApp, donc ils peuvent nous écrire. Nous répondons immédiatement.

 

Réalisé par Patrick KROU