Exposition “Yacouba Sylla et Houphouët-Boigny: L’histoire d’une amitié révélée sous cimaises
Exposition “Yacouba Sylla et Houphouët-Boigny: L’histoire d’une amitié révélée sous cimaises
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150 photos et archives, comprenant des correspondances, des factures, et bien d'autres documents, sont exposées pour retracer l’histoire d’une amitié fraternelle entre deux grandes personnalités : Cheick Yacouba Sylla et Félix Houphouët-Boigny.
Ces documents, issus du patrimoine familial de la famille Yacouba Sylla, font l’objet d’une exposition de deux semaines à la Galerie La Rotonde des Arts Contemporains d’Abidjan-Plateau. Cette présentation au public a été lancée lors du vernissage du jeudi 20 février 2025, dans les locaux de la galerie.
Pour l'initiateur de l’exposition, Yacouba Sylla, petit-fils du Cheikh, ces documents, provenant de "sources primaires, sources secondaires et sources factuelles", témoignent de l’amitié qui unissait ces deux hommes, une amitié qui a marqué les bases du dialogue interculturel et interreligieux.
Yacouba Sylla, guide religieux né au Soudan vers 1966, raconte qu’en raison de ses convictions spirituelles, il a été déporté en mars 1930 en Côte d'Ivoire, plus précisément à Sassandra (Sud-Ouest).
« Cette union entre deux hommes issus de cultures et de coutumes différentes démontre qu'il est possible de transcender les barrières sociales, culturelles, religieuses et politiques. Elle enseigne qu'il est possible de vivre ensemble, dans le respect des croyances de l'autre », explique Yacouba Sylla, auteur de l’exposition.
Pour lui, la conviction de son aïeul en faveur de la paix et de l’unité, qu’il a partagée avec son ami Félix Houphouët-Boigny, a été décisive.
Cette propension à défendre ces deux valeurs amènera le patriarche Yacouba Sylla, dans les années 60, à jouer un rôle crucial lors du "Complot du Chat noir" de 1963, un complot visant à assassiner le président Houphouët-Boigny. Selon les historiens, Yacouba Sylla a œuvré de toute son influence pour obtenir la clémence de son ami.
« Nous avons eu, heureusement, le témoignage de Jean Konan Banny qui nous a dit : ‘'Cher fils, Dieu nous a donné notre âme, notre première âme. Mais en toute modestie, la deuxième âme que nous avons, c’est celle de Yacouba Sylla.
Quand nos parents ont voulu que Félix Houphouët-Boigny nous fasse exécuter pour trahison, une seule voix s’est élevée parmi toutes les autres, c’était celle de Yacouba Sylla’’.
Et il a dit : ‘’Qui es-tu pour ôter la vie à quelqu’un à qui tu n’as pas donné la vie ?''. En 1963, les documents et témoignages confirment que le Cheikh a dit au président Félix Houphouët-Boigny : "Cher ami, tu vas libérer ces hommes et tu leur donneras du travail, pour leur dignité, pour leurs familles et pour leur religion." Et c’est ce qui s’est concrétisé », explique-t-il.
Yacouba Sylla a également demandé à Houphouët-Boigny de lui permettre de lui donner des conseils fondés sur la vérité, afin que son ami, homme politique et président de la République, puisse gouverner la Côte d'Ivoire avec « le bâton salomonien de sagesse ».
Le professeur Yacouba Konaté, directeur de la Galerie La Rotonde des Arts Contemporains, a révélé que ce projet, qui a duré quatre ans, raconte l’histoire d’une amitié sincère entre deux hommes.
Yacouba Sylla, guide religieux influent, commerçant, transporteur et homme politique, a joué un rôle déterminant dans la rencontre entre Gbon Coulibaly et Houphouët-Boigny. Le commissaire de l’exposition, le professeur Yacouba Konaté, a aussi partagé la vision du patriarche sur le premier président ivoirien.
« Yacouba Sylla considère que Houphouët-Boigny était un homme de Dieu. Il dit que le grand public ne connaît que l'aspect superficiel, mais qu’au fond, c’était un homme spirituel, qui priait son Dieu dans toute simplicité et discrétion. Il estimait qu'il y avait une foi partagée », explique le professeur Yacouba Konaté.
Présent lors de ce vernissage, le professeur Jean-Noël Loucou, secrétaire général de la Fondation Félix Houphouët-Boigny, a souligné que Yacouba Sylla et Houphouët-Boigny étaient deux hommes de foi et d’action.
Patrick KROU