Exposition BogoPaint: une fusion entre tradition et modernité à la Rotonde des Arts
Exposition BogoPaint: une fusion entre tradition et modernité à la Rotonde des Arts
Les artisans de la galerie d’art malienne, Sunjata Créations, mettent en avant la contonnette de Ségou, un matériau tissé à la main, qui sert de toile de fond à leurs « créations féeriques » inspirées de l’abstrait et du figuratif, sublimant leur technique unique appelée BogoPaint.
Du 22 août au 12 septembre prochain, les amateurs d’art contemporain pourront admirer une centaine de fresques picturales qui intègrent harmonieusement le bogolan et la peinture. Ce rendez-vous dédié à la magnificence des arts visuels s’est ouvert le jeudi 22 août 2024 avec un vernissage de l’exposition « Regards croisés sur les objets peints & Bogolan » à la galerie La Rotonde des Arts Contemporains d’Abidjan-Plateau.
Guédiouma Sanogo, Directeur général de Sunjata Créations, a expliqué que le BogoPaint (Bogo – Bogolan et Paint – Peinture en anglais) est une écriture artistique conçue par ses créateurs, dont ils sont les seuls détenteurs.
Ce mode d’expression artistique, selon lui, établit un lien entre le passé — la tradition africaine — et l’époque contemporaine, représentée par la peinture. « Le BogoPaint s’inscrit dans la Renaissance culturelle africaine,
car il contribue à faire connaître les valeurs de la cosmogonie africaine. » La particularité de cette galerie, ouverte en 2022 et située au cœur de la capitale Bamako, réside dans le fait qu’elle ne privilégie pas les signatures individuelles de ses artistes.
« À Sunjata Créations, nous travaillons en équipe. D'habitude, une seule personne signe l'œuvre d'art, mais dans notre cas, c’est un travail collectif. Pourquoi ? Parce que la plupart de nos œuvres sont le fruit de l’intervention de plusieurs personnes à différents stades de la production.
Il est donc impossible de demander à une seule personne de signer l'œuvre », a clarifié Guédiouma Sanogo, par ailleurs traducteur professionnel au siège de la Banque Africaine de Développement (BAD) et à celui de l'Union Africaine (UA).
Quant au Professeur Yacouba Konaté, commissaire de l’exposition, il s’est dit séduit par le modèle esthétique et économique de cette galerie bamakoise. « J'ai également noté l'interprétation moderne du classicisme des esthétiques maliennes et africaines que le programme mettait en œuvre. Cette recherche se concentre notamment sur le design technique du Bogolan et explore le patrimoine Sénoufo, Dogon et Touareg.
Une plateforme intermédiaire entre artisanat et art contemporain se déploie, permettant une transition fluide entre les deux, non pas comme une rupture, mais comme un simple changement de langage, de régime, d'intensité », a commenté le critique d’art ivoirien et responsable de la galerie hôte. Il a également exprimé sa satisfaction :
« Le travail de Sunjata Créations favorise la transcription horizontale de la création classique africaine dans les codes et les langues de la création moderne et contemporaine. Comment ne pas s'en réjouir et soutenir son essor ? »
Des œuvres telles que « Le Rythme (L’Afrique danse, danse) », « Danseuse de charme », « Les Fiançailles », « Paroles de musique », « Initiation maritale », « L’Amitié » et bien d’autres toiles captivent l’attention et méritent d’être découvertes.
Patrick KROU