Droits de Santé sexuels et reproductifs : zoom sur l’avortement sécurisé en Côte-d’Ivoire

Droits de Santé sexuels et reproductifs : zoom sur l’avortement sécurisé en Côte-d’Ivoire

26/07/2024 - 20:45
Droits de Santé sexuels et reproductifs : zoom sur l’avortement sécurisé en Côte-d’Ivoire
Droits de Santé sexuels et reproductifs : zoom sur l’avortement sécurisé en Côte-d’Ivoire

 A toutes les étapes de sa vie, chaque personne doit avoir accès à des services de santé pour bien vivre et comprendre sa sexualité. Les structures de luttes pour les droits de Santé sexuels et reproductifs ont fait un plaidoyer ainsi libellé : « tous Ensemble pour le plaidoyer pour de l’avortement sécurisé en Côte d’Ivoire » en 2018.

En Côte d'Ivoire, l'avortement est autorisé, en cas de nécessité de sauvegarde de la vie de la mère selon l'article 367 du Code pénal Ivoirien.

Mais le plaidoyer aura du succès, si chaque activiste de la lutte pour les Droits de Santé sexuels et reproductifs, et les autorités en charge de cette question croient et agissent dans le sens qu’il est possible de vivre dans un monde où chacun(e) puisse jouir pleinement de ses droits et sa santé sexuels et reproductifs (DSSR). C’est ainsi que les acteurs de cette lutte s’efforcent de faire voter un projet de loi relatif à la santé reproductive, précisément sur l’avortement sécurisé.

Définition de l’avortement ou IVG

On distingue l’avortement non sécurisé (fait personne ment avec des moyens non contrôlés) et l’avortement sécurisé.

Ainsi, l'avortement sécurisé, c'est « l'avortement qui est fait au niveau médical », simplement défini.

L’avortement sécurisé est une intervention vitale qui peut permettre de vivre dans la dignité et d'assurer l’autonomie de la survivante vis-à-vis de sa propre existence et de son avenir.

C’est pourquoi, dès l’adolescence, les jeunes doivent être informés sur leurs droits, les méthodes de contraception, les infections sexuellement transmissibles (IST) et les services de santé disponibles.

Ce que les populations concernées en pensent

En Afrique, une grossesse est vue comme la possibilité d’agrandissement de la famille.  Ainsi, interrompre une grossesse est donc mal vu, pris pour un crime, la suppression d’une future vie.  

Mais en 2003, l'Union africaine(UA) a adopté le « Protocole de Maputo », dont l'Article 14 stipule que l'avortement doit être autorisé pour sauver la vie d'une femme et préserver sa santé physique ou mentale, ainsi qu'en cas de viol, d'inceste ou de malformation fœtale grave.

À Abidjan, nous avons posé la question aux femmes. Voici ce qu’elles en pensent.  

Assiélou Salimata (téléconseillère) « oui, si seulement la vie de la, mère est engagée »

L’avortement est interdit par la religion ; l’avortement sécurisé se fait par des professionnels je crois ! Alors cela va dépendre des circonstances. Si par exemple après un viol la victime ne veut pas garder la grossesse, on l’y autorisée. Si aussi la santé de la mère est engagée, ça ne serait pas mauvais de la faire aussi. Un autre cas, si une élève tombe enceinte par viol, elle peut s’en débarrasser pour lui permettre de continuer ses études et ne pas avoir à supporter ces mauvais souvenirs et détester un enfant parce qu’elle ne l’a désiré.

Ange Melo (agente hôtelière) : « je suis pour la légalisation de l’IVG sécurisé en Côte d’Ivoire »  

De prime à bord, je pense que l’avortement est un acte mauvais car il s’agit d’un crime. Mais dans le cas de l’avortement sécurisé, il s’agit de sécuriser la vie de quelqu’un, dans ce cas, il devient bon. On peut alors dire que c’est un mal nécessaire. Je suis donc pour l’avortement sécurisé en Côte d’Ivoire.

Coulibaly Maïmouna : « en comparaison, l’IVG sécurisé est meilleur »

En comparaison, l’IVG sécurisé est meilleur que l’avortement qu’on peut appeler clandestin, dans le sens où il pratiqué selon les méthodes recommandées par l’organisation mondiale de la santé (OMS). S’il est fait avec le suivi d’un spécialiste, ça crée moins de risque pour la mère.

 

Marianne Touré (étudiante suiviste) : « Si l’avortement est autorisé par la loi, les femmes ne font plus se casser pour pratiquer cet acte. »

Mon avis sur l’avortement a toujours été mitigé parce que je suis chrétienne croyante. Vue dans ce sens, c’est un acte condamné par la religion. C’est pourquoi il est difficile pour moi de l’accepter, le concevoir. Mais il existe des cas où la femme se retrouve enceinte après avoir été violée ou que sa santé est mise en danger à cause de la grossesse. Dans ce genre de cas, je peux comprendre et tolérer que l’avortement soit fait. Si l’avortement est autorisé par la loi, les femmes ne font plus se casser pour pratiquer cet acte, vue ça sera fait par des professionnels de la santé. Mais il ne faut pas étendre l’avortement même sécurisé hors des cas spécifiques où il y a nécessité.

Koné Salimata : « oui et non »

Je ne suis pas d’accord, pas du tout d’accord avec l’avortement. Car ça peut empêcher la femme d’enfanter dans le futur, perdre ses trompes, être exposée aux IST, MST ; infections etc. Mais lorsqu’il sera question de sauver une vie humaine, celle de la mère là, je suis d’accord.

Coulibaly Maimouna : « …on entend déjà ‘’sécurisé’’, c’est-à-dire dans des conditions de sécurité et de suivi… »

Je veux donner mon avis sur l’avortement tout court ; c’est tragique, de l’assassinat. Une femme, lorsque tu vas avec un homme, tu sais que tu peux tomber enceinte. Voilà pourquoi l’avortement n’est pas une bonne chose.  Le fœtus, c’est avant tout un esprit qui a besoin de devenir un être humain. Donc le supprimer sera négatif. Sur l’avortement sécurisé, on entend déjà sécuriser, c’est-à-dire dans des conditions de sécurité et de suivi.

Pour rappel, depuis 2012, la Côte d’Ivoire a ratifié le Protocole de Maputo, un instrument de protection régional, en matière de Droit en Santé Sexuelle et Reproductive, premier traité panafricain à reconnaitre l’avortement comme un droit des femmes accordé dans des circonstances particulières. Implicitement, déjà à ce niveau, la Côte d’Ivoire s’engage à reconnaître le droit à l’avortement sécurisé, qui est inclus dans ce traité.

Le Protocole de Maputo aborde plusieurs thèmes relatifs à l’émancipation économique et politique des femmes ainsi qu’à leur santé et leur bien-être, notamment, en son article 14 intitulé « le droit à la santé et au contrôle des fonctions de reproduction ».

Les problèmes de santé sexuelle et reproductive continuent d’affecter la vie de millions de personnes. Pour apporter une réponse utile à cette situation en Côte d’Ivoire, et dans la stratégie de contribution à la riposte pour la réduction des décès maternels et néonataux, les organisations de lutte sont formelles « l’avortement doit être autorisé pour sauver la vie d'une femme et préserver sa santé physique ou mentale ».

 

Sacré Abel