Abou Bamba, Coordonnateur ALP : "Abidjan Legacy Program est un programme de développement durable, accéléré et de transformation agricole en faveur des populations rurales de la Côte d'Ivoire"

Abou Bamba, Coordonnateur ALP : "Abidjan Legacy Program est un programme de développement durable, accéléré et de transformation agricole en faveur des populations rurales de la Côte d'Ivoire"

01/12/2024 - 18:37
Abou Bamba, Coordonnateur ALP : "Abidjan Legacy Program est un programme de développement durable, accéléré et de transformation agricole en faveur des populations rurales de la Côte d'Ivoire"
Abou Bamba, Coordonnateur ALP : "Abidjan Legacy Program est un programme de développement durable, accéléré et de transformation agricole en faveur des populations rurales de la Côte d'Ivoire"

Mis sur pied en marge de la COP15, par le Président de la République, Alassane Ouattara, Abidjan Legacy Program est un vaste programme de restauration des écosystèmes dégradés.

Dans cet entretien, son coordonnateur, Abou Bamba revient sur les missions de la structure qu'il dirige et l'impact des projets sur la vie des populations.

Présentez-nous Abidjan Legacy Program

Abidjan Legacy Program (ALP) est une initiative du Chef de l'État, SEM. Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, qui a été lancée, en mai 2022 à Abidjan, en marge des travaux de la 15ème session de la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (COP15).

Le programme comporte quatre composantes. La première consiste en la restauration et la réhabilitation des écosystèmes dégradés, entre autres des écosystèmes forestiers, les écosystèmes terrestres et les écosystèmes aquatiques qui sont à la base de production végétale. La deuxième composante consiste à rendre les chaînes de valeur actuelles plus durables et plus résilientes au climat.

La troisième composante est en rapport avec l'augmentation exponentielle de la production agricole de façon durable en vue d'atteindre la sécurité alimentaire. Enfin, la quatrième composante, consiste à identifier et à mettre en valeur les chaînes de valeur qui sont plus résilientes au climat.

Ce qu'il faut retenir, Abidjan Legacy Program, n'est ni un programme sur l'environnement, ni un programme sur l'agriculture. C’est surtout un programme de développement durable, accéléré et de transformation agricole en faveur des populations rurales de la Côte d'Ivoire, en particulier les jeunes et les femmes.

Quels sont les projets réalisés par Abidjan Legacy Program dans le cadre de ses missions et leur impact sur les populations ?

Les engagements pris par les bailleurs de fonds, lors de la COP15 pour soutenir Abidjan Legacy Program se situaient dans l'ordre de 2,5 milliards de dollars et consistaient à la mise en œuvre du financement de 112 projets à travers les 31 régions du pays et les 14 districts.

Nous avons 112 projets à impact pour les populations des zones rurales en cours de mise en œuvre dans notre pays. Ils concernent la production agricole durable, la lutte contre les changements climatiques, et la sécurité alimentaire naturellement.

Mais, le point de convergence de l'ensemble de ces projets, c'est d'améliorer les conditions de vie de nos populations qui vivent dans les zones rurales, dans les contrées les plus reculées de la Côte d'Ivoire, afin que ces populations puissent profiter de la croissance économique que nous observons en ce moment dans notre pays. Il s'agit donc d'un ensemble de projets assez cosmopolites.

On entend parler de COP15, COP16, etc. Qu'est-ce que la COP ?

La COP, c'est la Conférence des parties. Il s'agit d'un instrument organique qui régit le fonctionnement des accords multilatéraux sur l'environnement, en particulier trois accords multilatéraux sur l'environnement nés de la Conférence de Rio de Janeiro (Brésil) sur l'environnement et le développement, en 1992.

Appelés aussi accords multilatéraux sur l'environnement, il s’agit de la convention sur la biodiversité, la convention sur la désertification et la convention sur le climat.

La COP réunit l'ensemble des parties prenantes à ces conventions au moins une fois par an ou une fois tous les deux ans pour adresser des problèmes relatifs à la mise en œuvre de chacune de ces conventions. La convention sur le climat se réunit chaque année. Cela fait 29 ans. D'où la COP29 qui a récemment eu lieu à Bakou, en Azerbaïdjan.

Les conventions sur la biodiversité et la désertification se réunissent tous les deux ans. On a la COP16 sur la désertification qui aura lieu en décembre à Riyad en Arabie Saoudite. Il y a aussi la COP16 sur la biodiversité qui a eu lieu tout récemment à Cali, en Colombie.

Bientôt la COP16, quels enjeux pour la Côte d'Ivoire ?

Concernant la 16ème session de la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (COP16), il y a plusieurs enjeux pour la Côte d’Ivoire. Le premier enjeu est d'ordre diplomatique, sur la gouvernance, les débats sur la désertification, les débats sur l'environnement en général.

Pendant deux ans, nous avons occupé la présidence de la COP15. Il s'agira pour notre pays de passer le flambeau à l'Arabie Saoudite lors de la COP 16.

Il s'agit d'un acte assez symbolique au niveau diplomatique, au niveau politique, et au niveau de la perception que peut avoir l'extérieur de notre pays. 

Ça sera aussi l’occasion pour nous de faire le bilan de nos activités à la tête de cet important outil de gouvernance environnementale.

Ça sera effectivement l'occasion de partager avec le monde entier tous les acquis, toutes les avancées significatives dans les domaines de la lutte contre la déforestation et de la dégradation des sols tel que nous les avons menés ici en Côte d'Ivoire dans les 112 projets.

Il s'agira de montrer l’impact de ces projets sur les populations en Côte d'Ivoire, et partager cette expérience avec les autres pays qui sont soumis à ces mêmes défis environnementaux.

Nous allons montrer que nous avons bien géré cette convention pendant ces dernières années et surtout, qu'au niveau national, nous avons obtenu des résultats très encourageants en termes d’activités. N’oublions pas que c’est la première fois que notre pays est élu et désigné pour diriger un organe aussi important des Nations Unies.

Votre mot de fin

Le message qu'on aimerait partager avec nos compatriotes et aussi le monde entier c'est qu’en matière de lutte contre la désertification, notre pays a fait beaucoup de progrès et a accompli énormément de résultats.

Je vais prendre un exemple. En Côte d’Ivoire, à la fin des années 1950, nous avons observé qu’il se développait dans notre pays le phénomène de désertification. Dans la partie septentrionale de Bouaké jusqu'à Tengréla, on observait effectivement une zone appelée zone des savanes. C'était une zone qui faisait face à beaucoup de défis, notamment en termes de production, de rendement des sols, de pauvreté, de déplacement des populations du Nord vers le Sud. Disons que c'était une zone relativement pauvre.

Le gouvernement a engagé des réformes, et j'en veux pour preuve l'avènement du Conseil Coton Anacarde. Vous voyez aujourd'hui la zone septentrionale de Bouaké jusqu'à Korhogo même au-delà jusqu'à Tengréla, cette zone de savane a disparu.

Les espaces qui autrefois étaient des zones de savane aujourd'hui sont recouverts et colonisés par des plants d'anacardiers et des vergers de mangues.

On a à peu près 1,5 million d'hectares d'anacardiers qui recouvrent non pas 12 régions situées dans la zone septentrionale de notre pays mais cela s'est étendu depuis Yamoussoukro et dans certaines zones du Sud du pays où l'anacarde a pris ses droits effectivement sur le désert, sur les sols dégradés et sur la savane. Aujourd'hui, on peut affirmer et cela de façon irréfragable que les réformes du gouvernement pour régler ce problème de désertification ont porté leurs fruits.

Nous étions dans les régions du Folon et du Kabadougou, la semaine dernière, on pouvait observer pendant 1 à 2 heures de route que les vastes zones jadis ont cédé la place à des anacardiers et autres vergers. Ceci a eu l'avantage, non seulement de régler un problème mental, mais aussi de régler un problème social.

La culture de l'anacarde a favorisé l'émergence d'une certaine bourgeoisie dans ces régions de notre pays. Aujourd’hui, lorsque vous mettez le binôme anacarde-coton ensemble, en termes de revenus pour notre pays, ce binôme concurrence allègrement le binôme café-cacao.

Ça vient donc régler aussi les problèmes de disparités régionales dans notre pays, et en même temps, régler un problème environnemental, c’est-à-dire, celui de la lutte contre la dégradation des sols.

Partout où vous avez des anacardiers, ils fixent les sols et quand les feuilles tombent, elles servent de couvert empêchant que les sols se dégradent du fait de la pluie.

C’est donc un acquis particulièrement important que nous allons partager avec le monde entier, avec les pays voisins de la Côte d'Ivoire pour dire que le pari de la lutte contre la désertification et la dégradation des sols, dans la zone septentrionale de notre pays, est en voie d'être relevé.

CICG