UFHB/Hommage universitaire à Venance Konan: Les universitaires gravent son œuvre dans le marbre de la science
UFHB/Hommage universitaire à Venance Konan: Les universitaires gravent son œuvre dans le marbre de la science

Le Jour 2 du 15e colloque pluridisciplinaire international sur le thème: "Satire, chronique sociale et fiction: les voix d'une Afrique contemporaine chez Venance Konan’’, organisé par l’Observatoire National de la Vie et du Discours Politiques (ONVDP) de l'UFR Communication, Milieu et Société de l'Université Alassane Ouattara (UAO) de Bouaké s’est achevé le samedi 17 mai 2025 à l’Amphi Adama Diawara de l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan.
Françoise Remarck, ministre de la Culture et de la Francophonie, posant aux côtés des participants au 15e colloque pluridisciplinaire international à l’Amphi Adama Diawara de l’UFHB d’Abidjan
Françoise Remarck, ministre de la Culture et de la Francophonie, qui était présente aux côtés des universitaires, a salué « l’initiative remarquable » dédiée à Venance Konan, « la voie de l’art contemporain » en Côte d’Ivoire. « Nos écrivains, nos artistes, l’ensemble du monde de la culture qui fait rayonner notre pays, Venance Konan fait partie de ces personnalités qui non seulement écrivent l’histoire de la Côte d’Ivoire, mais qui la font connaître bien au-delà de notre continent.
Cet écrivain mérite aujourd'hui cet hommage de son vivant. (...) Je suis très impressionnée par les échanges que j'ai entendus avec les jeunes, les professeurs, les panélistes et les chercheurs.
Cela montre que, dans ce temple du savoir, il y a encore une belle vitalité intellectuelle. Et je vous encourage tous à continuer d’être engagés, critiques, et fiers d'être Ivoiriens », s’est réjouie Françoise Remarck, qui s’est souvenue avec émotion de ses années passées à l'université, à l'époque où elle s'appelait l'INSET, entre 1982 et 1986.
Au nom de l’Observatoire National de la Vie et du Discours Politiques (ONVDP) du Département des Lettres Modernes de l'Université Alassane Ouattara (UAO), le professeur Dorgelès Houessou, vice-président représentant le professeur Koffi Ehouamn René (président de ce centre de recherche), a clarifié que ce colloque s’inscrit dans un projet initial de ce groupe de recherche, à la fois social et sociétal, visant à faire revenir les universitaires dans la sphère publique.
Il s’agit, dit-il, de porter un regard académique sur les œuvres de créateurs, d’hommes et de femmes d’exception – ceux que nous appelons les figures de l’excellence, ou du « discours excellentiel ». « Pour nous, il est fondamental de mettre en lumière des parcours exemplaires, des œuvres qui transforment la société.
Cela ne peut se faire sans croiser plusieurs discours : le discours universitaire – celui des sachants – et le discours social, c’est-à-dire celui des journalistes, des citoyens ordinaires, des jeunes, des étudiants. Il faut créer cette passerelle entre savoir académique et vécu social, en impliquant les créateurs eux-mêmes.
C’est pourquoi nous avons été très heureux de la présence de M. Venance Konan, qui nous a confié avoir redécouvert sa propre œuvre à travers nos travaux. Et c’était bien cela l’objectif », a révélé l’enseignant-chercheur, qui rappelle l’organisation de 15 colloques peaufinés par l’ONVDP en 6 ans d’existence.
Dans ce contexte électoral assez délétère, le professeur Houessou a reconnu que les œuvres de Venance Konan abordent ces enjeux qui mettent en lumière des problématiques essentielles comme les conflits fonciers, la crise identitaire, et d’autres tensions sociales. « Ce colloque était donc aussi un prétexte pour aborder ces sujets fondamentaux.
Nous sommes heureux d’avoir réuni autant de chercheurs et de participants, et nous espérons que les actes du colloque, qui paraîtront bientôt, permettront de diffuser ces réflexions et de favoriser un véritable changement de comportement et de mentalité dans la société », a souhaité le directeur scientifique de ce 15e colloque universitaire.
Si, après deux jours de colloque sur ses œuvres littéraires, ses écrits journalistiques et politiques, Venance Konan refuse de se classer soit dans le courant idéologique de la Gauche soit dans celui de la Droite, il dit laisser le choix à ses lecteurs.
« Je ne vais pas vous le dire. Hier (Ndlr, vendredi 16 mai), j’ai découvert que je suis de Gauche, mais j’avance masqué avec un masque de Droite. Bon, j’ai découvert ça. Donc, c’est à vous de dire ce que je suis », a lâché l’éditorialiste avec un sourire narquois à la commissure des lèvres.
Aussi, le président de la Société ivoirienne de Télédiffusion (IDT) n’a pas caché son émotion de voir, après 20 ans dans la littérature, l’ensemble de son œuvre faire l’objet de réflexions académiques pour des universitaires.
« Je suis ému. Je ne pensais pas qu’un jour, même après ma mort, il y aurait un colloque à ce sujet. Quand on m’a dit que l’université organisait un colloque sur mon œuvre, j’étais étonné. Mais en même temps, j’étais flatté. Je ne vais pas le cacher, je suis flatté. Je suis sur un nuage en ce moment ! », s’est-il enthousiasmé.
Puis, Venance Konan a dit que les jeunes qui doutent de la force de la littérature se trompent sur toute la ligne.
« Ils ont tort de ne plus lire. D’abord, si vous ne lisez pas, vous ne serez jamais cultivé. Quelqu’un qui n’est pas cultivé dans ce monde-là est perdu.
Ça, c’est mon désespoir. Les réseaux sociaux ont fait que beaucoup de jeunes ne lisent plus. En Côte d'Ivoire, surtout à Abidjan, en Europe, certes il y a aussi les réseaux sociaux, mais les gens continuent à lire.
Nous avons une forme de paresse qui s'empare de notre jeunesse, et c’est dommage. Dans la compétition dans laquelle nous sommes entrés, celui qui ne se donne pas les atouts est foutu. Voici la leçon que M. Trump nous donne : « Débrouillez-vous ! » Maintenant, on n’est plus là pour porter quelqu'un. On ne parle même pas de l'Afrique.
L’Europe, toute puissante, l’a dit : « ‘’Démerdez-vous. Moi, je vais m’associer à M. Poutine’’. Et nous alors ? Sinon, on veut attendre et on se croise les doigts. On veut attendre quoi ? Il est grand temps de se donner les armes.
Vue des participants au colloque posant pour la photo souvenir sur l’estrade de l’Amphi Adama Diawara de l’UFHB à Abidjan
Se donner les armes, c’est d'abord par la culture. Le directeur scientifique de ce colloque que j’ai entendu a parlé du réveil des humanités.
C’est par les humanités que nous allons réveiller ce monde, sauver notre société ivoirienne. Les humanités, c’est la littérature, la culture, les arts, tout cela. Donc, vous avez intérêt, vous les jeunes, à lire... »
Ce 15e colloque pluridisciplinaire international a permis l’attribution du Prix de la citoyenneté par l’Observatoire au journaliste Venance Konan.
Patrick KROU