Adama Ouattara se souvient de Bédié : " Il avait l'amour de la patrie, de la nation ivoirienne."

Adama Ouattara se souvient de Bédié : " Il avait l'amour de la patrie, de la nation ivoirienne."

08/08/2023 - 13:49
Adama Ouattara se souvient de Bédié : " Il avait l'amour de la patrie, de la nation ivoirienne."

Parrain des festivités marquant les 63 ans de l'indépendance de la Côte d’Ivoire au quartier Garden de Yopougon-Niangon Sud, le lundi 07 août dernier, Adama Ouattara dit El Padré a saisi cette opportunité pour partager le souvenir qu'il garde de feu Henri Konan Bédié, du sens qu'il donne à cete fête de l'indépendance et également passer un message à la jeunesse ivoirienne. Entretien...

La Côte-d'Ivoire célèbre les 63 ans de son indépendance. Que représente cela pour vous?

Je pense qu'à 63 ans, nous sommes en plein dans la maturité. Houphouët-Boigny a tracé les sillons, c'est à nous de continuer dans ces sillons-là.

À 63 ans pour une nation, c'est quasiment la maturité. C'est regrettable qu'un de nos symboles nous ait quitté à la veille de cette célébration en la personne du Président Henri Konan Bédié. 

Je pense que généralement les grands hommes, quand ils ont fini de servir et que Dieu veut les rappeler c'est comme ça que ça se passe. Il ne sert à rien de servir, de tout donner, et avant de partir de souffrir. C'est la meilleure manière de partir, si vraiment c'est la volonté de Dieu. 

On s'en remet à la volonté de Dieu. Fasse Dieu que le départ de Bédié soit une source d'inspiration afin que nous puissions continuer de travailler. Il était le symbole d'un héritage que Houphouët nous a laissé. Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo, à quelques égards, et lui étaient le symbole de l’héritage que Houphouët-Boigny nous a laissé.

Vous l'avez dit Bédié était symbole. Mais vous, personnellement, quel souvenir gardez-vous de l'homme ?

Henri Konan Bédié, le souvenir que je garde de lui c'est l'amour qu'il avait pour la patrie ivoirienne. Voici un chef d'Etat qui a été évincé du pouvoir par un mouvement militaire, mais quand il a eu l'occasion de revenir au pays, il s'est mis automatiquement au service de la Côte-d'Ivoire.

Il n'est jamais rentré dans les histoires de chasse aux sorcières. Il n'a jamais pactisé avec le Diable. Il a eu ses convictions, il a toujours gardé ces convictions et il les a défendues jusqu'à la mort.  C'est ça un grand homme. Il n'a jamais été un putschiste politique.

Malgré le deuil national et la sobriété de la célébration de l'indépendance, vous êtes là, à la Cité Garden de Niangon-Sud. Un sens particulier pour vous?

La cité Garden, c'est mon village. Comme je le dis partout, je suis un pur produit de Yopougon. Tout ce qui est festivité au niveau de Yopougon, quand je suis sollicité, je viens. Mais ici, j'ai toujours été sollicité parce que c'est mon quartier.

Nous nous retrouvons ici tous les 07 août pour célébrer l'indépendance de la Côte-d’Ivoire, pour communier, échanger, se retrouver entre frères. Nous souhaitons aller au-delà pour donner à ces retrouvailles le même sens que les fêtes de génération à l'instar de ce qui se passe dans les villages Ebrié, les propriétaires terriens, pour donner plus de force à ce nous sommes en train de faire.

 Aujourd'hui, par exemple, nous sommes plus de mille et nous évoluons par catégorie. Il y a des catégories qui comptent plus de 200 personnes. Il va falloir qu'on puisse institutionnaliser cette initiative afin cela fasse tache d'huile.

Pour que cela puisse faire tache d’huile, vous avez certainement un message à l'endroit de la jeunesse de Garden, partant de la Côte d'Ivoire.

Le seul message que je lance, c'est la cohésion. Vous savez la Côte d'Ivoire a traversé de graves crises auxquelles les Ivoiriens n'étaient pas préparés. Nos aînés, nos parents, ont essayé de nous expliquer ces crises, mais je pense qu'au jour d'aujourd'hui c'est loin de nous. La jeunesse actuelle n'a pas connu cette période, la période des marches de 2004-2005.

Quand on doit faire la différence entre cette période d'avec 2023, ça fait au moins 18 ans que ces faits graves ont eu lieu. Les jeunes que vous voyez-là ont entre 20 et 25 ans aujourd'hui. Ce qui veut dire qu'ils étaient encore au berceau quand la Côte d'Ivoire traversait ces périodes difficiles.

Nous n'allons pas continuer à leur vendre ce qui n'a pas marché. Nous devons leur vendre une autre image de Yopougon, une autre image de la Côte-d’Ivoire.

Et c'est ce que nous essayons de leur véhiculer. C'est pourquoi, je dis à bas tous ceux qui continuent de nous ramener dans le spectre des années 2002 jusqu'à 2010-2011. Une nation ne doit pas forcément se reconstruire à partir de ce genre de parenthèses malheureuses.

Aujourd'hui, les jeunes qui se reconnaissent en moi, qui chantent mon nom et qui n'ont pas connu ces périodes, même quand on leur rappelle ces moments de crise en stigmatisant une communauté, ils rétorquent qu'ils n'ont pas vécu cette période et veulent s'en tenir à ce qu'ils vivent actuellement. 

Et je pense que c'est que doit être notre leit-motiv. Tous ceux qui veulent le bien-être de Yopougon, de la Côte- d’Ivoire, doivent s'inscrire dans ce sens et laisser ces slogans qui ne nous ont pas rapporté quelque chose. Évitons ce qui n'a pas marché de 2002 à 2010. De nos jours, c'est dépassé.

 

Interview réalisée par Romarick N.FOUA