Après son intervention qui a failli lui couter la vie, Sawadogo Yacouba, révèle : « Après l’opération, je suis mon propre médecin. »
Après son intervention qui a failli lui couter la vie, Sawadogo Yacouba, révèle : « Après l’opération, je suis mon propre médecin. »
Le mardi 5 novembre 2024, Sawadogo Yacouba a été exploité par le Dr Afif Ghassani. Cette intervention chirurgicale, qui consistait en une simple extraction de plaques d'athérome dans l'artère carotide, selon le chirurgien, a failli mal tourner. « Je suis un revenant, car on dit que je reviens de loin », ironise Sawadogo, rencontré sur son lieu de travail aux Deux Plateaux Vallons, ce mardi 25 novembre, soit vingt jours après l'opération qu'il a subie.
Après avoir repris le travail le lundi 24 novembre, Sawadogo Yacouba s'est confié à Infodirecte.net. Sans détour, il raconte son expérience avant, pendant et après l'opération. Ce retraité, dont l'entreprise bénéficie encore de l'expertise, revient également sur sa rééducation, son mode de vie, son état émotionnel et psychologique, ainsi que sur la qualité de vie et la nouvelle existence qu'il mène après l'opération. Deuxième partie !
Deux semaines après son opération, le patient Sawadogo Yacouba a repris le service dans son entreprise et il est en pleine forme.
Pouvez-vous nous parler de votre état de santé avant l'opération ?
Avant l’opération, j’étais déjà préparé mentalement. C'est au mois de juin qu'on a détecté cette plaque au niveau de la carotide, dans le cou. On m'avait alors conseillé de me faire opérer au plus vite. C'était donc en juin. Ce n'est qu'au mois de novembre que j'ai finalement pu subir l'opération.
Avant l’opération, aviez-vous des symptômes spécifiques liés à votre artère carotide ?
Eh bien non, comme on dit, c'est une maladie silencieuse. Je ne souffrais pas du tout, à moins que cela soit découvert. Sinon, je me sentais tout à fait normal, comme n'importe qui.
Comment avez-vous été diagnostiqué avec l'obstruction de l'artère carotide ?
Cela s'est passé lors d'un contrôle périodique avec mon cardiologue, le Dr Koné de la clinique Farah. C'est lui qui a posé le diagnostic.
Il a constaté que c'était lié à une tension qui ne baissait pas du tout. La tension était toujours élevée, malgré tous les médicaments que je prenais.
Le médecin a jugé que ce n'était pas normal. Nous avons donc effectué des examens approfondis. C'est à ce moment-là qu'il a découvert cette anomalie.
Avez-vous passé des examens particuliers (scanner, doppler, etc.) qui ont révélé les plaques d'athérome ?
Non, c’étaient des radios. Nous avons fait une artériographie, qui est un examen radiologique des artères. Il a observé qu’à ce niveau-là, l’oxygénation ne passait pas correctement. Il y avait trop de graisses dans les artères.
Donc, il fallait faire l'opération pour enlever la graisse. Sinon, cela aurait été fatal. Si l’opération n’était pas effectuée, on risquait un AVC.
Comment avez-vous réagi lorsque vous appris qu’une opération était nécessaire ?
Déjà, pour une première fois, comme je connaissais un peu le procédé, j'avais subi une première opération en 2022.
Celle-ci concernait les membres inférieurs et a été réalisée par le docteur Afif. L’opération s’est déroulée à la clinique de l’Indénie. Tout s’est passé à peu près comme prévu. Concernant la marche, je rencontrais des difficultés.
Dès que je marchais 200 mètres, j'avais des crampes au niveau du mollet. Ce n'était pas normal. Le médecin a constaté qu’il y avait un problème d’oxygénation à ce niveau-là, ce qui a justifié l’opération. Du coup, j’étais un peu préparé à ce genre de situation.
Quand il s’agit d’une opération, il faut la faire. On se dit que mieux vaut agir que de ne pas le faire, surtout si on en a la possibilité.
Avez-vous cherché à obtenir des informations supplémentaires auprès de vos médecins ou en ligne ?
Oui, étant naturellement curieux, je suis allé sur des sites pour me renseigner sur ce genre d'opération. J'ai cherché à savoir combien cela coûte, et si on ne le fait pas, quelles pourraient être les conséquences, etc. Donc, j'étais plus ou moins informé grâce à mes recherches.
J'ai découvert que c'était vraiment très dangereux. Le problème ici, c'est le coût des opérations, qui est vraiment élevé. C'est un vrai problème. Si l'on ne fait pas l'opération, cela peut être fatal. En tout cas, normalement, le coût de l’opération peut atteindre au moins 2,5 millions de francs CFA.
Pouvez-vous décrire comment s’est passé votre opération ?
Sur le plateau, au début, j'étais un peu conscient. Puis, à un moment donné, j'ai perdu connaissance. L'opération s'est bien passée, et je me suis réveillé aux urgences.
J'étais certain qu'il s'était passé quelque chose, mais par la grâce de Dieu, comme on dit, il n'y avait finalement plus de peur que de mal. (NDLR :
Le patient, Sawadogo Yacouba, n’a plus réagi à l’anesthésie locale, ce qui a provoqué une complication au cours de l’opération. Il a donc dû être sédaté afin que l’intervention puisse se poursuivre et soit un succès.)
Comment vous vous sentiez avant d'entrer dans la salle d'opération ?
Sur le plateau, on n’a plus de contrôle. Dans tous les cas, on sent quelque chose. C’est-à-dire qu’on remet son sort entre les mains de Dieu, comme on dit. Je me suis allongé là. C’est ce qu’il fallait faire. Ça passe ou ça casse.
Est-ce que vous avez été informé par l’équipe médicale des détails de l'intervention chirurgicale ?
Oui, bien avant... Je crois qu'un jour avant l'opération, on te prépare l'esprit. On te dit que tu vas rencontrer l'anesthésiste, et tout ça.
Lui aussi va te poser des questions sur ton état de santé, si tu as des antécédents médicaux, etc. Il fait tout pour obtenir le maximum d’informations avant de poser son diagnostic.
L’équipe médicale te prépare moralement en te rassurant, en te disant qu'il n'y a rien de grave. Ce sont des choses qui se font en une heure, deux heures, et c'est fini.
Le Dr Afif Ghassani, lors de l’opération du patient Sawadogo Yacouba au bloc opératoire de l’ICA, administrait des doses d’anesthésie à l’aide d’une seringue.
Comment avez-vous vécu l'opération en elle-même avant que nous ne soyez inconscient ?
Sincèrement... sur le plateau, je ressentais quelques petites douleurs, jusqu'à ce que je perde connaissance. Puis, après, je me suis retrouvé en salle d'urgence. Tout ce qui s'est passé après, je n'en sais rien du tout.
Était-ce sous anesthésie générale ou locale, et avez-vous des souvenirs de l’intervention ?
On a commencé par une anesthésie locale. Pendant l'anesthésie, j'étais encore éveillé. L'anesthésie a duré jusqu'à ce que la chirurgie commence. Mais à un moment donné, j'ai perdu connaissance. Après cela, je me suis retrouvé aux urgences, après l'opération. Je n'ai plus suivi le reste.
Comme vous l'avez dit, après l'opération, vous vous êtes réveillé en salle d'urgence. Qu'est-ce qu'on vous a dit qui vous a fait comprendre pourquoi vous vous y êtes retrouvé ?
À la salle d'urgence, on m'a dit que je venais de loin. À un moment donné, sur le plateau de l’opération, il y a eu une complication. Mais j'ai été pris en charge rapidement. En tout cas, on m'a dit que je revenais de loin.
Les premiers jours après l'opération, est-ce que vous avez ressenti des douleurs, des gênes ou des complications ?
Oui, au départ, j'avais du mal à m'exprimer correctement. Ma voix était un peu partie. C'est au fur et à mesure qu'elle est revenue.
Avez-vous remarqué une amélioration dans votre état de santé à la suite de l'intervention ?
Oui, après l'opération, franchement, il y a eu une amélioration. Maintenant, je sens que ça va. Dès les premiers jours, je me sentais très affaibli, mais j'ai rapidement récupéré. Et maintenant, ça va très bien. Je me sens vraiment bien.
Quel a été le suivi médical après l'opération ? Avez-vous eu des rendez-vous réguliers avec le chirurgien ?
Après l'opération, je l'ai rencontré deux fois. Il y a eu un rendez-vous une semaine après, puis il m'a fixé un autre rendez-vous dans deux mois, soit en janvier 2025.
Avez-vous dû modifier votre mode de vie après l’opération ? Si oui, de quelles façons (régime alimentaire, activité physique, etc.)
Le mode de vie que j'adopte aujourd'hui, c'est que je ne mange pas de sel du tout. Mon alimentation est très contrôlée, je ne mange pas n'importe quoi. Donc, je fais vraiment attention à ce que je mange.
Et votre traitement médical a-t-il changé après l'opération ?
Ça n'a pas beaucoup changé en soi, mais il y a eu l'ajout de beaucoup d'autres médicaments. Donc, je dois suivre un traitement pendant un certain temps avant de voir des résultats. J'essaie de suivre cela.
Avez-vous suivi des séances de rééducation ?
Oui, mais pas en salle. Moi, chaque matin ou chaque soir, avant de dormir, je sors dans ma rue et je fais des marches. C'est ça qui constitue mon sport, le matin ou le soir.
Sur le plan émotionnel, comment avez-vous géré l'avant et l'après l'opération ?
Il n'y a plus d'anxiété comme par le passé. C'est comme si j'étais sur le qui-vive, mais maintenant, ça va. Je me sens plus rassuré.
Le patient Sawadogo Yacouba appelle le personnel médical à révéler la gravité d’une maladie au patient sans retenir d'information.
Comment vos proches ont-ils réagi après cette opération ?
Comme tout bon Africain, je n'aime pas trop répandre ce genre de nouvelle. Seul un nombre restreint de membres de ma famille en était informé.
Après, peut-être que, de bouche à oreille, les autres l’ont su. L'opération a eu lieu en l'absence de mon épouse, qui était en déplacement. C’est mon cousin et ma fille qui étaient à mon chevet.
Pensez-vous que cette expérience a changé votre perspective sur votre santé ou votre vie en général ?
Oui, ça a changé. Si tous les deux ans on doit subir ça, finalement on travaille maintenant juste pour faire des courses.
Cela dit, il y a moins de deux ans, j'ai subi deux opérations. C’est ça qui me dérange un peu. Je crains qu’on me dise qu’après ça, il y a encore autre chose à faire.
J’ai quand même une vie correcte. Je ne vais pas passer ma vie à enchaîner les opérations.
Avez-vous encore des symptômes légers qui vous inquiètent ?
Pas à ce niveau-là, non. Je n'ai pas de symptômes particuliers.
Y a-t-il des activités que vous aviez l'habitude de faire avant l'opération que vous ne pouvez plus pratiquer maintenant ?
Non, pas particulièrement. Pas d'activités spéciales.
Est-ce que vous avez des conseils à donner à une personne qui doit subir la même opération ?
Il ne faut pas en avoir peur une fois qu'on a les moyens financiers. Subir cette opération, ça vous libère et ça vous donne encore beaucoup d'espoir pour l'avenir. Parce qu'au moins, avant que la plaque ne s'installe, cela peut vous offrir encore une vingtaine d'années de vie.
Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez dire aux médecins ou à l'équipe médicale par rapport à l'expérience que vous avez vécue ?
Ce que je voudrais leur conseiller, c’est qu’après le diagnostic, il faut avoir l’habitude de dire toute la vérité au patient pendant qu’il est encore temps. Réellement, cela est essentiel. Moi, c’est parce que cela m’a convaincu que je me suis battu pour subir cette opération.
Comme je suis curieux de nature, cela m’a convaincu que vraiment, si je ne faisais pas cela, j’allais avoir des problèmes. Donc, dans ce sens-là, je les encourage toujours à dire la vérité après le diagnostic.
Comment voyez-vous votre avenir en termes de santé ?
Je crois que si je suis les conseils, surtout pratiquer du sport régulièrement et suivre ma tension comme on me l'a recommandé, j'ai encore beaucoup d'espoir pour l'avenir.
Si je prends vraiment soin de moi, je dois suivre régulièrement ma tension, surveiller mon alimentation, pratiquer des exercices physiques… Tout cela peut encore me donner un peu d'espoir.
Que pouvez-vous dire aux malades qui ont des maladies qui nécessitent des opérations et qui craignent d’affronter cette épreuve ?
Moi, je peux leur conseiller de ne pas avoir peur. Quand on est dans une telle situation, il faut s'en remettre à Dieu. Mais une fois qu'on le fait, vraiment, c'est très bon. Cela étant, on retrouve dans la santé. On est libéré, comme on dit. Mais surtout, suivre sa santé, moi-même. Il faut être son docteur soi-même, après.
Entretien réalisé par Patrick KROU
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