KANGOUTE Maïmouna FOFANA SGA 5, Porte-parole de la FESACI-CG « La liberté syndicale connait elle aussi de nombreuses entraves »

Excellence Monsieur le Premier Ministre ;

Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;

Monsieur le Ministre de l’emploi et de la protection sociale ;

Madame et Messieurs les Présidents d’institutions ;

Mesdames et Messieurs ;

En vos rangs, grades et qualités, tout protocole respecté ;

Camarades travailleuses,

Camarades travailleurs. En cette traditionnelle journée dédiée aux travailleurs, la Fédération des Syndicats Autonomes de Côte d’Ivoire Confédération Générale (FESACI-CG) a choisi une dame, Madame KANGOUTE Maïmouna Epouse FOFANA, 5e Secrétaire Générale Confédérale Adjointe de notre organisation pour porter la parole au nom des travailleurs de Côte d’Ivoire et particulièrement ceux de notre organisation.

Je voudrais avant toute chose, vous prier de bien vouloir observer une minute de silence à la mémoire de tous les travailleurs tombés au cours de cette année, et particulièrement, à celle d’un grand serviteur de l’Etat le Docteur-Colonel TRAORE Dohia Mamadou, ex secrétaire Général de la FESACI-CG, un habitué de cette tribune, qui a, hélas, tiré sa révérence le 02 octobre dernier. (Je vous remercie). Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Mesdames et Messieurs,

L’année dernière, à dessein, nous nous sommes imposés le devoir de 2 sortir du cadre habituel de notre allocution pour mettre en lumière les vertus du dialogue social, qui a permis aux Fonctionnaires et Agents de l’Etat d’engranger des acquis notables dans le cadre de la deuxième trêve 2022-2027.

Concernant les travailleurs du secteur privé, on a pu obtenir le relèvement du SMIG ainsi que la revalorisation des minimas catégoriels par branche d’activités.

Je voudrais, au nom de tous les travailleurs, réitérer notre gratitude à son Excellence Alassane Ouattara Président de la République, au Gouvernement de Côte d’Ivoire et à l’ensemble des employeurs du secteur privé pour ces efforts considérables consentis pour le bien-être des travailleurs.

Certes, il nous revient que certains employeurs du secteur privé tardent à appliquer ces mesures. C’est le lieu d’interpeller les inspecteurs du travail et des lois sociales à ce sujet.

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Les travailleurs unis autour de leur équipe nationale, voudraient dire grand merci au Gouvernement et en particulier à Son Excellence Monsieur le Président de la République, pour la parfaite organisation de la 34ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations de Football, qui nous a valu notre troisième médaille.

Toutefois,

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

 Nous ne saurions nous taire devant les nombreuses préoccupations des travailleurs.

C’est pourquoi, nous nous ferons fort de les porter à cette tribune en les structurant autour de quatre (04) points essentiels à savoir :

1/ les préoccupations d’ordre général,

2/ les entraves à la liberté syndicale,

3/ les aspirations des travailleurs des différents secteurs et des populations rurales,

4/ les propositions de pistes de solutions.

En ce qui concerne les préoccupations d’ordre général ;

Excellence Monsieur le Premier Ministre, vos populations, dans leur grande majorité, peinent à vivre et pour cause :

- le coût excessif du carburant à la pompe, qui impacte négativement le quotidien des populations ; avec son corollaire de cherté du transport, des produits alimentaires et de grande consommation.

Et malheureusement, les transports à tarifs sociaux jadis mission première de la SOTRA tendent à disparaitre au profit de nouveaux services de BUS EXPRESS aux tarifs fort concurrentiels.

- le renchérissement du coût de l’électricité en juillet et en décembre 2023, surtout la dernière de 10% qui a rendu la vie excessivement chère.

- Excellence Monsieur le Premier Ministre, la réforme des impôts préconisée par les travailleurs consistait en la suppression pure et simple de la contribution nationale instituée depuis les années soixante et non la refonte des impôts en une imposition unique telle que constatée et servie aux travailleurs.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, l’un des objectifs de la dernière trêve sociale, signée entre l’Etat-Employeur et les Fonctionnaires et Agents de l’Etat, était de consigner les préoccupations de ces derniers dans un document et d’en établir, un échéancier de dégrossissement sur une période de cinq ans.

Mais force est de constater, que deux années après la signature, la majorité des Comités Sectoriels de Dialogue Social des départements ministériels ne sont toujours pas opérationnels, hormis certains Ministères dont celui de la Fonction Publique et de la Modernisation de l’Administration, de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation, de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle. Un coup de fouet mérite donc d’être donné au processus de discussion ainsi entamé à l’effet de produire les résultats escomptés.

La liberté syndicale connait elle aussi de nombreuses entraves :

Au niveau du secteur privé surtout les sociétés chinoises, Excellence Monsieur le Premier Ministre, les cas d’entraves à la liberté syndicale sont légion, le dilatoire dans les négociations collectives et le musellement des organisations syndicales ainsi que les licenciements 4 abusifs sont aux antipodes des normes du code du travail et de la convention collective interprofessionnelle.

A Filia Groupe Rubber de Youhouli, à Dabou, à titre d’illustration, le Secrétaire Général de l’unique syndicat de l’entreprise, le Camarade AKPA KPRA CEDRIC est sous le coup d’une procédure de licenciement, pour avoir sommeillé à son poste de travail pendant 6 minutes, alors qu’avant lui et même seulement un mois après lui, tous ceux qui ont commis des fautes similaires n’ont écopé que de mise à pied de 3 jours maximum. Et bien d’autres cas encore au sein de cette entreprise sont à noter.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, en ce qui concerne les aspirations des travailleurs :

Les travailleurs dans leur ensemble veulent l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, le respect de leurs droits et plus de sécurité sociale.

A Eco Eburnie, entreprise chargée de la salubrité publique à Abidjan, il ne se passe de semaine où il n’y a pas d’accidents de travail, parfois mortels. Et tous ces accidentés du travail sont licenciés, sans droit, avant même la fin de la période de convalescence.

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Les gardiens des écoles primaires publiques, recrutés et traités localement par les Bureaux des Comités de Gestion des Etablissements Scolaires (COGES) exercent malheureusement en dehors de toutes normes de travail : pas de contrats, pas de salaires réguliers, pas de garanties sociales, pas de vacances… Hélas !

Les agents de la RTI réclament la régularisation de leurs différentes situations eues égard à la nouvelle grille salariale, à la revalorisation des minimas catégoriels, aux avancements non payés…

Quant aux agents de la SAPH, eux, réclament le paiement de leurs allocations familiales en souffrance depuis plus d’un an. Pour ce qui est des aspirations des travailleurs de l’économie informelle et des populations rurales, Excellence Monsieur le Premier 5 Ministre, Nous voudrions marquer notre satisfaction pour l’initiative de mise en œuvre des outils de protection sociale que sont la Couverture Maladie Universelle (CMU) pour toutes les populations vivant sur le territoire ivoirien et le Régime Social des Travailleurs Indépendants (RSTI) pour les travailleurs indépendants.

Et voudrions par la même veine dire grand merci au Président de la République, qui a instruit dernièrement le Conseil Café-Cacao à l’effet de payer les cotisations CMU des planteurs de la filière, comme cela se fait pour les salariés de la Fonction Publique et pour ceux du Secteur Privé.

Cependant, l’opérationnalité de la CMU aussi bien dans les grandes villes, que dans le pays profond, où le besoin est plus accru nous laisse encore sur notre faim.

La lenteur dans la mise en application de la loi portant réforme hospitalière n’en constitue-t-elle pas un des obstacles ?

La cause des travailleurs de l’économie informelle déguerpis qui a défrayé la chronique récemment doit être également débattue en vue de trouver des solutions idoines au récurrent problème des occupations anarchiques et des bidonvilles dans la ville d’Abidjan et ses banlieues.

Car, Excellence Monsieur le Premier Ministre, il s’agit de l’équilibre des familles impactées, disloquées, désemparées ne sachant plus à quel saint se vouer. Ce sont ces artisans (mécaniciens, tôliers, électriciens, vendeurs ou revendeurs de pièces détachées, pousseurs de brouettes, conducteurs de tricycles, marchandes de produits vivriers etc.) qui se retrouvent à la rue avec leurs familles.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, au regard de ce que nous venons d’exposer, qui n’est en fait que le condensé de notre cahier de revendications, nous voudrions préconiser quelques pistes dans la recherche de solutions en vue d’un climat social apaisé favorable à la création de richesse et au développement durable.

- La Côte d’Ivoire, avec la mise en route du champ pétrolier et gazier BALEINE, s’apprête à frapper à la porte de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP). C’est l’occasion de négocier des mesures pour la réduction du coût du carburant à la pompe ; la charité bien ordonnée, dit-on, commence par soi-même.

- Quant au transport public urbain assuré par la SOTRA, il est important qu’elle ne s’éloigne pas trop de sa mission première : celle de transporter les populations à des tarifs sociaux. Il serait également bien de procéder à l’expertise des centaines de véhicules laissés à l’abandon dans les dépôts en vue d’un éventuel recyclage.

- Relativement au renchérissement du coût de l’électricité : dès lors que la Côte d’Ivoire devient un grand exportateur de pétrole et de gaz, alors que nos turbines (CIPREL, AZITO 1, AZITO 2, AGRECCO) fournissant la plus grande partie de l’électricité, fonctionnent au gaz, nous estimons que des solutions négociées sont susceptibles d’être trouvées.

- En ce qui concerne les Fonctionnaires et Agents de l’Etat, ils ne demandent que l’opérationnalisation des cadres de concertation indiqués dans les accords de la trêve sociale. - pour ce qui est de la réforme des impôts, nous préconisons que des discussions s’ouvrent sur la question, prenant en compte les spécificités de toutes les parties prenantes. Des discussions franches et sincères qui devraient aboutir à des solutions concertées allant dans le sens attendu par les travailleurs.

- En outre, il serait intéressant d’étendre l’opportunité de la prise en charge de la CMU à toutes les organisations interprofessionnelles agricoles, de sorte à couvrir autant que possible toutes les populations rurales, dépendant en grande partie des rentes de l’agriculture.

- sur la question des déguerpis, nous recommandons qu’ils soient recasés, eux et leurs familles ainsi que leurs activités, sur des sites sécurisés, avec possibilité de scolariser le urs enfants. Il faudrait Excellence Monsieur le Premier Ministre, dans un cadre plus général, pensé à relever le défi de la propriété immobilière pour chaque travailleur et travailleuse afin de permettre qu’à la sortie de leurs carrières, ils aient un toit pour eux et leurs familles.

Les retraités 7 devraient pouvoir bénéficier après tant de services rendus à la Nation, de la prime ADO au même titre que ceux qui sont en activité.

Nous souhaitons également des actions pour accélérer le processus de transition de l’économie informelle vers une économie formelle afin de ne « laisser personne de côté ».

Excellence Monsieur le Premier Ministre, la FESACI-CG s’engage pour les travailleurs auprès de l’État et des employeurs pour un monde du travail plus juste favorisant le progrès social pour tous et pour les travailleurs de la FESACI-CG en particulier.

 Je vous remercie.

KANGOUTE Maïmouna FOFANA SGA 5, Porte-parole de la FESACI-CG