« Chroniqueurs et influenceurs à la télévision : entre compétence et notoriété »

« Chroniqueurs et influenceurs à la télévision : entre compétence et notoriété »

24/05/2025 - 09:36
« Chroniqueurs et influenceurs à la télévision : entre compétence et notoriété »
« Chroniqueurs et influenceurs à la télévision : entre compétence et notoriété »

La libéralisation du secteur audiovisuel en Côte d’Ivoire a été longtemps réclamée par la population, dans l’optique de promouvoir la liberté d’expression et la diversité des médias, afin de garantir une pluralité de l’information et la liberté d’opinion.

Cette ouverture du paysage audiovisuel devait permettre la création d’emplois pour les professionnels des médias, y compris les diplômés en journalisme, en communication et d'autres domaines connexes indispensables au bon fonctionnement du secteur.

Grande fut notre surprise de constater que le ministère de la Communication, la HACA et les autres structures compétentes laissent les chaînes de télévision recruter, sans rigueur, des personnes appelées "chroniqueurs" ou "influenceurs" pour animer des émissions aux thématiques parfois très sensibles, souvent diffusées en heures de grande écoute.

Ces émissions exigent pourtant un certain niveau de connaissances intellectuelles et professionnelles.

Une grande partie de notre jeunesse, friande de ces programmes, est influencée par ces figures médiatiques, non pour leurs compétences, mais pour leur notoriété. Le danger est réel : ces jeunes, fascinés par la facilité apparente de la réussite de ces influenceurs, perdent la motivation de s’investir dans des études sérieuses. Pourquoi poursuivre un cursus en journalisme ou en communication quand il suffit d’être populaire sur les réseaux sociaux pour être recruté par une chaîne de télévision ?

Si cette tendance persiste, des institutions comme l’ISTC Polytechnique fleuron africain de la formation en communication  risquent de fermer leurs portes, tout comme d’autres centres de formation dans ce domaine.

Il est urgent que les décideurs politiques interpellent les chaînes de télévision et les contraignent à respecter leurs cahiers des charges. Le recrutement de chroniqueurs ou d’animateurs devrait obéir à des critères clairs, notamment un niveau de formation minimum dans les domaines concernés.

Les médias ont pour mission d’éduquer et d’informer les populations.

 C’est pourquoi ceux qui portent la parole publique doivent disposer d’un bagage intellectuel suffisant et faire preuve de probité morale.

 Leur influence sur les jeunes, en quête de repères et de modèles, est immense. Dans une société où certaines valeurs fondamentales tendent à disparaître, notamment du fait de la démission parentale, cette responsabilité est capitale.

La HACA, en tant qu’organe de régulation du secteur audiovisuel, doit pleinement jouer son rôle.

Il est temps de remettre de l’ordre dans le paysage médiatique national, pour le bien de notre jeunesse.

La liberté d’expression ne doit pas être un prétexte pour offrir une tribune à des personnes dépourvues de compétences, exposant des opinions approximatives sur des sujets qu’elles ne maîtrisent pas. Les téléspectateurs méritent le respect. Nos médias doivent en être conscients.

 

Adou Evariste Analyste Politique