François Moïse Bamba / conteur international : « La parole a essentiellement cette vocation à faciliter la communication »
François Moïse Bamba / conteur international : « La parole a essentiellement cette vocation à faciliter la communication »
Lors du lancement de la 10ème édition du conte baptisée : « Les causeries nocturnes », qui a eu lieu le 19 septembre 2024, au Musée contemporain Adama Toungara (Mucat) à Abobo, le Burkinabé François
Moïse Bamba, conteur de renommée internationale, acteur majeur du conte africain et invité spécial de ce moment, nous a prêté quelques mots. Ce, à l’effet de présenter son parcours, ce qu’il est devenu grâce au conte, et encourager les Africains à mettre un point d’honneur à la culture orale, socle de sécurité de leur histoire.
Vous êtes l’invité spécial de la 10ème édition de ‘’Les causeries nocturnes’’. Que pensez-vous de cet honneur qui vous est fait ?
C’est un énorme grand plaisir, parce que je connais déjà le travail du jeune frère Koami (organisateur de l’événement: ndlr). Et c’est vrai que nous devenons un peu par l’âge les doyens, les anciens, et voir tout le travail qu’il fait et d’arriver à ce stade, me fait énormément plaisir. Déjà le nom de son projet ‘’Causeries nocturnes’’ est tellement bien trouvé, qu’il magnifie l’art de la parole. Je me réjouis de trouver toutes les activités qu’il y a.
Je me satisfais de la rencontre avec tous ces jeunes qui sont chaque fois un espoir pour nous qui commençons à être les anciens, et aussi de voir ces jeunes qui prennent la relève. C’est tout à leur honneur que j’apprécie ce grand moment.
Comment se porte le conte au Burkina Faso ?
Il se porte très très bien au Burkina Faso, parce que les émissions de télévision en langue française les plus plébiscitées, c’est l’émission ‘’Conte’’. Les émissions en langues nationales les plus plébiscitées sont les émissions de conte, ainsi que dans les stations de radio. Il a cours à la télévision locale de Bobo Dioulasso, la ville où je réside. Presque dans les langues des ethnies majoritaires du Burkina-Faso, il y a des émissions de contes. De plus, il y a des conteurs qui arrivent à vivre de ce métier comme moi. Donc, nous pouvons dire que le conte se porte bien dans notre pays.
Vous êtes l’invité d’honneur de cette édition du conte, quelle partition jouez-vous ?
Ce qu’on m’a demandé, c’est d’accompagner les enfants pour le premier spectacle de l’édition, c’est-à-dire ‘’Les grandes figures d’Afrique’’. Lors de l’atelier de préparation, chacun a fait un choix d’histoire.
Mon rôle est de comment je les accompagne et les oriente, pour que chacun se sente plutôt bien dans sa narration. On a eu trois jours pour essayer d’accomplir cet exercice. Je pense que l’essentiel est fait. Au-delà de cela, c’est de partager mon expérience avec ces jeunes, les encourager dans l’apprentissage de cet art et leur dire que s’ils y mettent du sérieux, ils peuvent vivre du conte.
Grâce à votre grande expérience, vous avez joué ou participé à des ateliers dans de nombreux pays. Peut-on avoir une idée de ceux-ci ?
J’ai joué dans presque tous les pays d’Afrique de l’Ouest. Depuis 2017 chaque année, j’effectue deux à trois voyages au Brésil, parce que nous sommes en train d’y mettre un gros projet en place.
Aussi, j’ai fait presque tous les pays francophones d’Europe, et aussi des Amériques, notamment le Canada. C’est donc depuis 30 ans que je vis de ce métier, qui me fait voyager dans les différents continents.
Quel message avez-vous à adresser aux auditeurs à qui vous avez donné de l’enseignement en atelier et aussi aux Africains en général ?
Aux auditeurs, je dirai d’encourager à perpétuer ce pan culturel, ce savoir-faire ancestral, qui met l’humain à sa juste place. La parole a essentiellement cette vocation à faciliter la communication.
Quand les enfants commencent à entendre des contes très jeunes, cette discipline les prépare à l’écoute. Qui sait bien écouter, sait forcément bien parler. Aux adultes, je demande d’encourager le retour à nos racines, afin de nous mettre constamment en contact avec notre socle culturel, la seule chose qui puisse nous faire affirmer notre identité et origine.
Propos recueillis par Franck Arthur Akpenan