Budget 2023 et 2025 : Le PDCI-RDA pointe les incohérences et propose des solutions
Budget 2023 et 2025 : Le PDCI-RDA pointe les incohérences et propose des solutions
Lors d’une conférence de presse tenue ce mardi 3 décembre 2024 au siège du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), l’honorable député Goze Séplé Bernard, vice-président de la Commission des Affaires Économiques et Financières (CAEF) de l’Assemblée nationale, a présenté une analyse approfondie des lois de finances de 2023 et des perspectives budgétaires pour 2025. Accompagné de l’honorable Kouassi Brédoumy Soumaïla, porte-parole du parti, il a mis en lumière des insuffisances dans la gestion des finances publiques et formulé des recommandations pour relever les défis à venir.
Le député Goze Séplé Bernard a souligné l’importance du passage au budget-programmes en Côte d’Ivoire depuis 2020, conformément aux directives de l’UEMOA. Ce système vise à améliorer la transparence et l’efficacité de la gestion publique. Cependant, il a déploré l’absence de diffusion publique des débats parlementaires sur les lois de finances, empêchant les citoyens d’accéder à des informations cruciales sur l’utilisation des ressources nationales.
Le cadre institutionnel, bien que prometteur, révèle encore des dysfonctionnements majeurs, notamment dans l’exécution du budget de 2023. Malgré un solde global positif de 38,6 milliards de FCFA, cet excédent est essentiellement dû à des emprunts et non à une performance économique tangible.
L’analyse du budget 2023 a révélé des incohérences importantes entre les données fournies par le ministère des Finances et celles de la Cour des Comptes. Des écarts de plus de 700 milliards de FCFA n’ont pas été justifiés, soulevant des inquiétudes sur la transparence et la gestion des ressources. Le Groupe parlementaire PDCI-RDA a également relevé des violations de la Loi Organique relative aux Lois de Finances (LOLF), notamment des modifications budgétaires effectuées hors cadre légal et non communiquées au Parlement.
Les performances des programmes ont montré des résultats mitigés. Si certains ministères ont affiché des progrès, seuls 31 % ont atteint une efficience budgétaire satisfaisante. Les résultats en termes d’efficacité, bien que meilleurs qu’en 2022, restent en-deçà des attentes.
Un budget 2025 ambitieux
Le projet de budget de l’État pour 2025, adopté à hauteur de 15 339,2 milliards de FCFA, représente une augmentation de 11,8 % par rapport à 2024. Ce budget reflète des ambitions fortes, notamment pour soutenir la croissance économique, estimée à 6,3 %, et financer des investissements dans les infrastructures, la santé et l’éducation. Les dépenses budgétaires projetées incluent une augmentation notable des investissements publics, qui représentent près de 25 % du budget global.
Cependant, plusieurs allocations budgétaires ont suscité des critiques de la part du Groupe parlementaire PDCI-RDA. Les programmes des ministères de la Justice, de l’Intérieur, de l’Emploi, et de la Communication ont été jugés insuffisants ou inadaptés. Par exemple, le ministère de la Justice a été critiqué pour son refus d’augmenter le nombre de tribunaux et de magistrats, alors que les délais judiciaires et la surpopulation carcérale restent alarmants. Le ministère de l’Intérieur a été pointé pour son manque de mesures efficaces contre la fraude sur les cartes nationales d’identité.
Recommandations pour une gestion renforcée
Malgré les insuffisances relevées, le Groupe parlementaire PDCI-RDA a adopté une approche constructive en votant pour le budget 2025. Il a toutefois formulé des recommandations fortes, appelant le gouvernement à intensifier ses efforts dans plusieurs domaines critiques.
Le renforcement de la lutte contre la fraude sur la carte nationale d’identité est indispensable pour garantir l’intégrité des processus électoraux. La reconstruction des valeurs civiques et morales doit être priorisée pour renforcer la cohésion nationale. L’amélioration de l’employabilité des jeunes, la réduction de la pauvreté rurale, la sécurité alimentaire, et le développement industriel figurent également parmi les préoccupations majeures.
Le PDCI-RDA a insisté sur la nécessité de mieux exploiter le potentiel fiscal du pays et de renforcer le financement de la recherche et de l’innovation, essentiels pour diversifier l’économie et soutenir une croissance durable.
L’honorable député Goze Séplé Bernard a réaffirmé l’engagement du PDCI-RDA à accompagner les réformes nécessaires au développement du pays tout en restant vigilant sur la gestion des finances publiques. Le parti appelle le gouvernement à corriger les dysfonctionnements identifiés et à répondre efficacement aux attentes des Ivoiriens.
Ousseni Sawadogo