2ème édition des rencontres des flux / A propos des achats, Pr Irène Foglierini : « Les Africains doivent rompre avec certaines pratiques… »

2ème édition des rencontres des flux / A propos des achats, Pr Irène Foglierini : « Les Africains doivent rompre avec certaines pratiques… »

05/05/2024 - 15:40
2ème édition des rencontres des flux / A propos des achats, Pr Irène Foglierini : « Les Africains doivent rompre avec certaines pratiques… »
2ème édition des rencontres des flux / A propos des achats, Pr Irène Foglierini : « Les Africains doivent rompre avec certaines pratiques… »

A l’initiative de l’Ecole doctorale de Caf Institute of Technology (Citech) et l’Isae Supméca en partenariat avec l’Unité de formation et de recherche des Sciences économiques et de Gestion (Ufr-Seg) de l’Université Félix Houphouët-Boigny, s’est tenu un panel de haut niveau avec des experts internationaux, le 4 mai 2024 à l’hôtel Palm Club à Cocody-Deux Plateaux.

La pertinence des achats

Cette rencontre à caractère croisement des points de vue, animée par Pr Irène Foglierini, éminente experte de la Logistique et des Achats, a été placée sous le thème : « Logistique et achats : Une dimension stratégique pour l’économie africaine ». Dans sa communication, Pr Irène Foglierini s’est de prime abord penché sur les achats Capex (achats de production) et Opex (achats hors production), qui représentent entre 60 à 85% du chiffre d’affaires (Ca) d’une entreprise. Selon elle, si de bons achats ne sont pas faits, l’entreprise subite des pertes énormes sur le plan financier. Deux options s’offrent alors à elle pour éviter ces pertes. Soit elle augmente son chiffre d’affaires, soit elle l’optimise.

La meilleure manière d’arriver à canaliser les pertes est de mettre en place une bonne politique d’achats, susceptible d’augmenter le chiffre d’affaires pour une aisance des avoirs de l’entreprise. 

« Les entreprises qui gagnent sont celles qui ont des acheteurs professionnels, présents pour créer de la richesse, en prenant en compte la Responsabilité sociétale des entreprises (Rse) », conseille l’experte. Pour elle, pour une efficacité de la politique d’achats, les Africains doivent rompre avec certaines pratiques. C’est-à-dire, qu’ils doivent penser autrement en revisitant tous les secteurs de leurs entreprises. « L’Afrique va représenter dans peu de temps 40% de la population mondiale.

Elle a plus besoin d’intelligences pour réussir », a manifesté l’experte en achats, pour encourager les filles et fils de ce continent à se lancer dans les études supérieures, afin d’être des solutions aux problèmes qui empêchent leur nation de se développer rapidement.

Exemples africains

Pr Richard Filakota, ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération de la République Centre africaine (Rca), a situé son intervention à double niveau. Celui de l’universitaire et du politique. Expliquant le contexte existant dans son pays, il a mis le zoom sur la crise politico-militaire, qui complique encore plus les choses. Selon lui, la question d’infrastructures, notamment le transport et ses contours, est le nœud gordien des maux de son pays.

« Un sac de ciment qui coûte 3 500 francs Cfa au Cameroun revient à 10 000 voire 12 000 francs Cfa en période de manque en République centrafricaine », a-t-il révélé. Les mis en cause : le prix du transport, les intermédiaires, la sécurité, etc, font que le prix de revient des marchandises importées est énorme.

Le ministre a pris en exemple la valeur d’une maison dans son pays, qui est 3 fois plus chère qu’au Cameroun. « Le prix de l’essence est de 1 200 francs Cfa et celui du gasoil est de 1 300 francs Cfa. Mon souci en tant que ministre de l’Economie, est de savoir comment renverser la tendance ? », s’inquiète le ministre centrafricain.

Il a fait remarquer que les réseaux routiers en Afrique de l’Ouest sont plus intégrés que ceux de l’Afrique centrale, même en temps de guerre. Concernant l’optimisation des prix, Romuald Akré, directeur logistique de Largeholcim Côte d’Ivoire a fait cas de son pays, un exemple à partager pour éviter des coûts excessifs de produits importés.

Pour la fabrication du ciment ayant pour matière première le clinker, a-t-il renseigné, il y a des ajouts qui n’existent pas en Côte d’Ivoire, notamment le calcaire et le laitier. L’une des stratégies d’optimisation des coûts consiste à utiliser des matières locales, dont la pouzzolane, qui ajoutée au ciment permet de réduire la quantité du clinker.

Une matière qu’on trouve principalement au Centre de la Côte d’Ivoire. Pr Alain Rivière, recteur du CiTech, a conseillé de certes se référer aux méthodes occidentales, mais il faut accorder la priorité à la méthodologie africaine, en se penchant sur « les deux fers au feu, l’information et la recherche » Pr Gérard Baglin, directeur des Emes Logistique d’Isae-Ism Paris, professeur émérite à Hec Paris, Aurélie Kouadio, directrice générale de Harley Reed Corporate, ont également participé à ce panel, qui s’est déroulé en multiplex avec Bangui et Ouagadougou. Les rencontres des flux sont un concentré d’ateliers, d’entretiens et de symposiums, lors desquels des sujets de développement sont débattus.

C.K.