La renaissance du Rwanda : une nation unie émerge de l'ombre du génocide

La renaissance du Rwanda : une nation unie émerge de l'ombre du génocide

21/04/2024 - 20:04
21/04/2024 - 20:06
La renaissance du Rwanda : une nation unie émerge de l'ombre du génocide
La renaissance du Rwanda : une nation unie émerge de l'ombre du génocide

(Xinhua) -- Lors d'une cérémonie au Mémorial du génocide de Kigali le 7 avril, le président rwandais Paul Kagame a allumé une torche commémorative, une flamme du souvenir destinée à brûler pendant 100 jours en hommage solennel à la tragédie qui s'est produite il y a trois décennies.

Le 7 avril 1994, le Rwanda avait plongé dans l'obscurité lorsque près d'un million de Rwandais, principalement des Tutsis, sont devenues victimes de la barbarie en l'espace de trois mois. Les milices hutues ont déclenché une vague de terreur en battant, torturant, violant et assassinant des civils tutsis, dont de nombreuses femmes et enfants.

Le génocide, qui a déchiré des communautés de Hutus et de Tutsis qui partageaient la même langue et la même religion, trouve ses racines dans les politiques coloniales des puissances occidentales et les graines de la division ont été semées dans le cadre du procédé colonial consistant à "diviser pour mieux régner".

Niché au cœur de l'Afrique, le Rwanda est connu comme le "pays des mille collines". Ses paysages à couper le souffle exhibent collines ondoyantes ornées de lacs sereins et de rivières sinueuses qui alimentent une végétation luxuriante.

Les communautés hutues et tutsies ont longtemps coexisté en tant que groupes ethniques prédominants. Les Hutus, essentiellement agriculteurs, constituent la majorité de la population, tandis que les Tutsis, la minorité la plus importante, pratiquent traditionnellement l'élevage. Depuis des générations, les deux communautés se sont mélangées, vivant dans des implantations mixtes et se mariant souvent entre elles.

"Avant l'arrivée des colonisateurs, les Rwandais vivaient en totale harmonie, les Hutus, les Tutsis et les Twas jouant chacun leur rôle dans la société", explique Jean-Baptiste Gasominari, un analyste politique rwandais.

Le destin du Rwanda a pris un tournant radical avec l'arrivée des colonisateurs européens, d'abord les Allemands puis les Belges, à la fin du XIXe siècle. Utilisant la ruse de la classification raciale, les colonisateurs ont brisé l'harmonie qui régnait depuis longtemps entre les deux groupes ethniques.

Selon cet artifice défectueux, les Européens se considéraient comme supérieurs aux Africains, désignant les Tutsis, dont les caractéristiques physiques étaient plus proches des leurs, comme "race supérieure" et les enrôlant comme mandataires de la gouvernance.

Les anthropologues occidentaux, dans leur quête de catégorisation et de contrôle, ont scruté les crânes, les traits du visage et les types de corps de la population indigène. Des différences minimes, telles que la longueur et la largeur du nez, étaient perçues comme des marqueurs ethniques. En conséquence, depuis 1933, les autorités coloniales belges ont imposé l'étiquetage des Rwandais comme "Hutu" ou "Tutsi" sur leurs cartes d'identité, ce qui a semé la discorde.

"Vous ne pouvez pas nous différencier, même nous ne pouvons pas nous distinguer les uns des autres", a assuré L

aurent Nkongoli, à l'époque vice-président de l'Assemblée nationale, qui est Tutsi, à l'écrivain américain Philip Gourevitch, à qui il a confié avoir été traité comme "l'un d'entre eux" dans un quartier hutu.

"Les Hutus et les Tutsis étaient autrefois des classes sociales, mais les colonisateurs ont transformé ces identités en outils politiques", a déploré Ladislas Ngendahimana, secrétaire général de l'Association rwandaise des autorités gouvernementales locales.