À QUAND LA FIN DE L'INSTRUMENTALISATION DE LA NATIONALITÉ DANS LE DÉBAT POLITIQUE EN CÔTE D’IVOIRE ?

À QUAND LA FIN DE L'INSTRUMENTALISATION DE LA NATIONALITÉ DANS LE DÉBAT POLITIQUE EN CÔTE D’IVOIRE ?

17/02/2025 - 09:04
À QUAND LA FIN DE L'INSTRUMENTALISATION DE LA NATIONALITÉ DANS LE DÉBAT POLITIQUE EN CÔTE D’IVOIRE ?
À QUAND LA FIN DE L'INSTRUMENTALISATION DE LA NATIONALITÉ DANS LE DÉBAT POLITIQUE EN CÔTE D’IVOIRE ?

Notre pays a connu une crise identitaire qui s’est soldée par une guerre ayant causé d’importantes pertes humaines et matérielles.

Le cas de Djéni Kobina Georges Kouamé, fondateur du RDR, en est une illustration frappante. Bien qu’il ait exercé dans l’administration publique, occupé la fonction de directeur de cabinet de plusieurs ministres et siégé au comité central du PDCI-RDA, sa nationalité a été remise en cause dès la création de son parti politique.

Une situation similaire s’est posée pour l’actuel Président de la République, Alassane Ouattara, qui a pourtant été gouverneur de la BCEAO – un poste réservé à la Côte d’Ivoire – et Premier ministre du pays sous la bannière du PDCI-RDA.

Face à ces deux cas très médiatisés entre 1995 et 2000, il est impératif de faire preuve de discernement. La Côte d’Ivoire est un pays de brassage ethnique et culturel.

La politique ne doit pas instrumentaliser la question identitaire à des fins partisanes, d’autant plus que le code de la nationalité encadre clairement ce sujet. Le déni de patronyme ne doit pas être un facteur de division, d’injustice et de frustration.

Prenons l’exemple du père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, Félix Houphouët-Boigny. Sa première épouse, Kady Swo, était la petite-fille du roi d’Abengourou. Leurs enfants sont-ils Ivoiriens ou Sénégalais ? Une telle interrogation n’aurait pas de sens.

Dans plusieurs pays voisins de la Côte d’Ivoire, on retrouve les mêmes patronymes : des Ouattara, Traoré, Koné et Touré au Mali et au Burkina Faso ; des Koffi, Kodjo et Kouamé au Togo et au Ghana.

Dans sa vision d’unité et de cohésion sociale, Houphouët-Boigny avait d’ailleurs naturalisé des fils d’immigrés, comme en témoigne le village de Garango à Bouaflé

Nos leaders politiques devraient inciter leurs collaborateurs à éviter d’alimenter ce débat sensible qui a déjà causé des dégâts considérables et profondément divisé notre société.

Si Barack Obama a pu diriger les États-Unis, c’est parce que la diversité est perçue comme une richesse et non comme une faiblesse. De la même manière, le métissage doit être une force pour nos nations.

Les populations ivoiriennes attendent des débats de fond qui répondent à leurs aspirations et préoccupations, notamment en matière de bien-être social et de développement économique.

Dénier la nationalité de Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA et petit-fils du Président Félix Houphouët-Boigny, est une aberration. Ce même Houphouët-Boigny, dont l’actuel régime s’inspire de la philosophie politique. Il est donc temps d’élever le débat.

Les acteurs politiques, ainsi que la société civile, doivent dénoncer ces dérives et appeler à la responsabilité. Nous avons trop souffert de la crise identitaire pour replonger dans ce cercle vicieux. Les discours politiques doivent être encadrés et sanctionnés en cas de dérive, afin de préserver la stabilité du pays.

Le développement amorcé sous la présidence d’Alassane Ouattara doit être sauvegardé. Seule une stabilité politique durable et des élections inclusives, dont les résultats seront acceptés par tous, permettront à la Côte d’Ivoire de figurer parmi les grandes démocraties et d’attirer davantage de partenaires techniques, financiers et investisseurs étrangers.

Ces derniers joueront un rôle clé dans la création d’emplois, offrant ainsi aux jeunes de véritables opportunités d’épanouissement au sein de la société.

 

Adou Evariste Analyste politique