Démission du poste de SGA/Guillaume Gbato rassure : « Ni RHDP, ni PPA-CI, je reste fidèle au FPI ! »
Démission du poste de SGA/Guillaume Gbato rassure : « Ni RHDP, ni PPA-CI, je reste fidèle au FPI ! »
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Contre toute attente, 48 heures après son limogeage du poste de DG du journal Notre Voie, Guillaume Gbato s’est rendu, ce jeudi 6 février 2025, au siège de son parti pour remettre sa lettre de démission de son poste de Secrétaire Général Adjoint du FPI, chargé de la Communication et du Marketing politique.
Par cet acte, il entend exprimer son mécontentement envers la haute instance de son parti. Néanmoins, Guillaume Gbato reste plus que jamais fidèle à ses convictions. Entretien !
Après les soubressauts liés à votre limogeage de votre poste de DG du quotidien ‘’Notre Voie’’. Comment vous portez-vous ?
Je me sens bien. Je suis serein.
Depuis le mardi 4 février dernier, l’opinion nationale a été informé de votre limogeage de votre poste de DG de ‘’Notre Voie’’. Comment est-ce que vous avez pris la décision ?
J'étais à mon bureau, un mardi après-midi. Mon DAF, qui était à son bureau mitoyen au mien, m'a appelé pour me dire qu’on venait de lui remettre un courrier.
Le courrier disait qu'on avait nommé quelqu'un d'autre à ma place. C'est comme ça que j'ai appris la nouvelle le mardi dernier vers 17h30min.
Sans notification préalable ?
Quel commentaire pouvez-vous faire à ce sujet ?
J'ai tout donné à ce journal. Je pense que j'ai fait ce que je pouvais pour le parti. En plus, je suis membre de la direction du parti depuis 2018.
Donc, on peut recevoir la personne, on nous dit pour telle ou telle raison qu'on va nous déplacer, qu'on va mettre quelqu'un d'autre. Ce n'est pas ça le souci.
Mais sans aucune information, personne ne m'a appelé jusqu'à maintenant. Personne. Ni le président, ni le secrétaire général qui a embauché le conseil d'administration, ni personne.
Je trouve que je ne mérite pas ça. C'est un manque de considération que je n'arrive pas à expliquer. Et c'est injustifié. Même quand quelqu'un est jugé au tribunal, on l'entend.
Mais bon, je trouve que la vie est comme ça. Quand vous êtes nommé à un poste, vous préparez votre départ.
Mais c'est la manière dont cela a été fait qui m'a un peu choqué. Pour le reste, ça va.
Depuis juillet 2003 jusqu'au 4 février 2025, vous avez assuré la gestion de ce quotidien. Quel bilan pouvez-vous en établir aujourd'hui ?
Le bilan est plutôt connu. Lorsque nous sommes arrivés à la tête du journal, celui-ci était déclassé, car il ne sortait à peine que deux fois par semaine.
Il était déclassé, avec des ventes qui n'atteignaient même pas 7 à 8%. Nous avons organisé un audit pour faire l'état des lieux.
Grâce au soutien d’un de mes aîné, monsieur Sylla Ba Ousmane du cabinet MS International, cabinet de conseil en Stratégie & Organisation, nous avons élaboré un plan stratégique de développement et un plan d'action annuel.
Aujourd'hui, au dernier trimestre 2024, nous sommes classés 6ème sur 21 quotidiens, alors que nous ne sortons que trois fois par semaine.
Nous avons amélioré la situation : de deux fois par semaine, nous sommes passés à trois fois par semaine. À la fin du mois de janvier, nous envisagions de passer à cinq fois par semaine.
Le 19 décembre dernier, nous avons tenu un conseil d'administration où j'ai été félicité par les membres. Ils étaient agréablement surpris par le travail que nous avions accompli.
Le chiffre d'affaires de la publicité a augmenté de près de 40% depuis 2024. Nous venons à peine de signer une convention avec la Banque mondiale et la CMU pour la promotion de la CMU.
Cela représente tout de même 23 millions de francs CFA. Nous avons établi des partenariats un peu partout pour le journal. Nous avons également changé la charte graphique, ce qui a rendu le journal plus visible.
Bien que nous ne soyons pas sortis de l’auberge, nous avons tout de même amélioré les choses. Mon bilan positif a été apprécié.
Pour le reste, on me reproche, parce qu’on ne m’a rien dit, mes prises de positions sur les plateaux télé. Mais le plateau télé, ce n'est pas là-bas qu'on gère le journal.
Selon vous, quels sont les reproches qui vous sont faits ?
Je ne sais pas. On ne m'a rien dit. J'entends des gens dire des choses. Oui, sur les plateaux télé, Gbato défend le RHDP. Je pense que c’est meme une injure à ma personne. Il n'y a pas quelqu'un qui ait autant défendu le FPI et son président, que moi, sur les plateaux télé depuis sa sortie de prison jusqu’aujourd'hui. Dans la crise avec le président Gbagbo, il n'y a pas quelqu'un qui ait défendu le FPI plus que moi.
Le partenariat RHDP-FPI, ce n'est pas moi qui l'ai signé. C'est bien le président Affi qui a signé ce partenariat.
Mais comment voulez-vous, si vous êtes sérieux, être dans un partenariat et que le journal du parti passe son temps à critiquer ou à brocarder votre partenaire?
Il n'y a pas de logique. Quand les gens me reprochent cela, je dis que soit ils ne savent pas de quoi ils parlent, soit ils sont ignorants.
Le partenariat, ce n'est pas moi qui l'ai signé. Je me suis aligné sur la ligne politique du parti.
Dans ce cadre, on a élaboré un plan de développement, avec un rapprochement des institutions, et une réorientation possible pour attirer la publicité. Et cela a fonctionné.
Quand le partenariat prend fin..., C’est ce que j’expliquer aux gens. Une entreprise, ce n'est pas comme une moto où l'on tourne la clé et ça démarre immédiatement.
Vous avez pris des engagements avec des partenaires. Par exemple, nous venons de signer une convention avec la CMU et la Banque mondiale pour 23 millions.
Mais il y a une contrepartie. Puis-je parler de la CMU sans évoquer le nom du ministre Camara, qui est l’acteur principal et la tutelle de la CMU ?
Nous avons un partenariat avec le ministère de la Promotion de la Jeunesse de l'Insertion Professionnelle et du Service Civique. C’est au total 8 millions francs CFA.
Puis-je en parler sans mentionner le ministre Touré Mamadou ? Il y a un problème.
Moi, je pense que tout cela, ce sont des arguties. Il y a des gens qui pensent que je leur faisais de l’ombre, mais tout cela ne tient pas la route.
Je laisse chacun à sa manière de penser. Un journal, c’est d’abord une entreprise avec un instrument politique.
Le Front Populaire Ivoirien (FPI) a choisi de faire un journal d’information générale. Ce n’est pas un journal du parti. Un journal, par essence, privilégie l’information et doit être ouvert à tous les acteurs de la vie socio-économique de nation.
Ce jeudi 6 février, vous avez déposé votre lettre de démission de votre poste de SGA du FPI, chargé de la Communication et de Marketing politique. Est-ce que vous vous sentez trahi ?
Oh non, c’est un grand mot. Je pense que le travail dans une direction d’un parti politique, c’est sur la base de la confiance. L’attitude que j’ai observée de la part de mes camarades montre qu’ils n’ont plus confiance en moi. Il faut en tirer les conséquences. Moi, j’en ai tiré les conséquences.
Justement, n'est-ce pas cela qui justifierait l'idée d'une trahison ?
Non, je ne dirais pas ça comme ça. J'estime que le président du parti n'a plus besoin de moi. J'en tire la conséquence. Dans la vie, il faut avoir le courage de prendre certaines décisions. Et c'est ce que j'ai fait.
Qu'en est-il précisément de votre supposé rapprochement avec le RHDP ?
Mais ce n'est pas moi qui me suis rapproché. C'est le président du parti. Le partenariat, est-ce que moi qui l'ai signé ? Je ne comprends pas. Comment peut-on me faire le procès du rapprochement ?
Le partenariat... Je suis un collaborateur du président. Je sais de quoi je parle. Ça a été un travail de longue haleine. J'ai été mis en mission pour le faire.
Maintenant, quand on fait une rupture, il faut organiser les choses pour changer.
On ne change pas tout de but en blanc du jour au lendemain. J'ai pris des engagements. Je l'ai expliqué à qui le droit ?
Donc, on parle de ce rapprochement, mais ce n’est pas moi qui l’ai signé. Moi, je suis un militant du FPI. J'ai toujours défendu le parti. Tout le monde le sait.
Le parti a décidé de ce rapprochement. Pourquoi devrais-je en payer le prix ?
Nous sommes des intellectuels. On veut m’a amené à me renier.
Je crois qu'il faut qu'on se respecte dans la vie. Je suis un militant, mais je suis aussi un intellectuel. Je suis journaliste. Ce que j'ai dit, j'y crois. Le reste, chacun l'apprécie comme il veut.
Quels sont vos rapports avec vos camarades Issiaka Sangaré, Dagbo Godé et les autres membres du courant politique "Démocratie et valeurs", l’aile dissidente au sein du FPI ? Comment percevez-vous la possibilité d'une collaboration avec eux ?
Non, il n'y a pas de rapport particulier. Ce sont des camarades. Quand M.Issiaka Sangaré était président du conseil d'administration, c’est lui qui m’a nommé au poste de directeur des rédactions, puis de directeur général du journal. Il était secrétaire général et porte-parole du parti.
M. Dagbo Godé est un aîné que je connais depuis plus de 30 ans. Koulibaly Seydou ainsi que les principaux animateurs de ce courant.
Ce sont des camarades.Ils ont adopté une position qui n'était pas partagée par la direction du parti. Ce ne sont pas nos ennemis. Ce ne sont pas mes ennemis. Ce sont des aînés, des amis, des camarades
Aujourd’hui, compte tenu de la situation que vous traversez, n'êtes-vous pas tenté de rejoindre le courant "Démocratie et valeurs" ?
Je ne sais pas encore. Pour le moment, je vais aller au village pour me reposer un peu, voir les masques, me ressourcer, et après, on verra. Si eux pensent qu'on peut travailler ensemble, on verra.
Si je pense aussi qu'il est possible de collaborer, je serai disposé à comprendre leur démarche, mais je ne sais pas encore.
Moi, je reste militant du FPI, et comme eux aussi disent qu'ils sont militants du FPI. On verra.
Justement, vous dites que vous êtes toujours militant du FPI. Si le RHDP vous démarche, seriez-vous prêt à les rejoindre ?
Ça ne fait pas partie de mes projets. Non, moi, je n'ai rien contre le RHDP, mais je suis profondément un homme de gauche. C'est vrai que le président Ouattara, dans sa gouvernance, a pris beaucoup de décisions qui peuvent être qualifiées de décisions de gauche.
Quand vous voyez le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) qui est passé de 36 000 à pratiquement 75 000, quand vous voyez le 13e mois pour les fonctionnaires, quand vous voyez la CMU pour laquelle je me suis engagé aux côtés du ministre Kamara, quand vous voyez l’électrification pour tous, quand vous voyez les écoles, ça, c’est un vrai programme de gauche.
Mais le RHDP reste un parti libéral de droite. Mais, moi, j’ai une forte sensibilité de gauche. Je reste un militant de gauche, et je pense que notre pays a besoin de diversité et de pluralité politique. Je suis un vieux militant avec un long parcours. Je ne vois pas pourquoi j’irai au RHDP. Il n’y a pas de raison, en tout cas, que j’y aille.
Si le PPA-CI venait vous démarcher pour vous rallier, iriez-vous ?
Le PPA-CI et moi avons un vrai contentieux à la fois idéologique et politique. J’ai dit, à plusieurs reprises, que c'est un parti d'extrême droite, xénophobe, tribaliste, un parti qui fait la promotion des puchistes de l'Alliance des États du Sahel (AES). Ça, ce n'est pas mes valeurs. Donc, je ne me vois pas aller au PPA-CI non plus. Je ne suis pas "out" ou "moi" au PPA-CI.
On se quitte ...
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer. Je pense que la politique ivoirienne, a besoin de clarification. Il faut que nous soyons à la hauteur. On ne peut pas faire n'importe quoi…
Les militants ont besoin d'être respectés, même les plus petits militants. Et moi, je pense que la façon dont j'ai été remercié n'est pas légale. J'ai soutenu président Affi, d'abord parce qu'il avait raison, mais ensuite parce que j'ai estimé qu'il avait été victime d'une injustice. Mais je ne veux pas accepter qu'on me traite de la façon dont on m'a traité. Je ne veux pas accepter.
Regrettez-vous votre engagement ou les choix que vous avez faits dans cette situation ?
Je ne regrette pas. Je ne regretterai jamais. J’en tire les conséquences et la vie continue.
Réalisé par Patrick KROU