Lutte contre les maladies neurodégénératives Léandre Nali, la ‘’Danse à l’Africaine’’, son remède contre Parkinson, Alzheimer, la folie

Lutte contre les maladies neurodégénératives Léandre Nali, la ‘’Danse à l’Africaine’’, son remède contre Parkinson, Alzheimer, la folie

19/12/2024 - 11:20
Lutte contre les maladies neurodégénératives Léandre Nali, la ‘’Danse à l’Africaine’’, son remède contre Parkinson, Alzheimer, la folie
Léandre Nali dans une séance de danse thérapeutique, intégrant des mouvements traditionnels africains pour améliorer la mobilité et lutter contre les maladies neurodégénératives.

Léandre Nali dans une séance de danse thérapeutique, intégrant des mouvements traditionnels africains pour améliorer la mobilité et lutter contre les maladies neurodégénératives.

En venant à l’atelier-conférence initié par la structure Move Quest à l’école internationale Léonard de Vinci, à Abidjan-Abatta, ce mercredi 4 décembre 2024, rien, absolument rien, ne laissait présager que je trouverais un remède à des douleurs dans les hanches.

Et pourtant, c’est bien ce qu’il m’a permis de vivre : par des gestes anodins du quotidien, tels que des étirements, etc. Bref, comme par miracle, au terme de ces exercices pratiques réalisés allongé au sol, mes douleurs à la hanche ont totalement disparu.

La technique utilisée et maîtrisée par Léandre Nali, professeur de danse, coach sportif, praticien en art-thérapie et coach en neurosciences, m’a étonné. Né en Côte d'Ivoire, il a poursuivi ses études à l’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (INSAAC), où il s’est formé à l’École supérieure de musique et de danse.

Ce parcours a marqué son entrée dans l’univers de la danse, motivé par un désir de découverte et de recherche. En première année, il étudiait à la fois le théâtre et la danse, mais il a choisi de se spécialiser dans la danse, percevant un potentiel inexploité, notamment dans la danse traditionnelle africaine. 

Contrairement au théâtre, où des œuvres comme celles de Molière et Beaumarchais sont déjà bien documentées, il considère que la danse africaine est encore une « forêt vierge » d’un point de vue scientifique, avec beaucoup à découvrir et à exploiter. Ce désir de contribuer à la recherche l’a poussé à poursuivre ses études en danse.

Le 2 avril 2022, il émigre au Canada, précisément à Longueuil, au Québec, sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, face à Montréal.

Après avoir terminé un programme préparatoire (un diplôme de premier cycle), Léandre Nali s'apprête à entamer une maîtrise, spécifiquement dans le domaine de la danse et de l'enseignement des arts. Bien que les systèmes académiques diffèrent, l'art-thérapeute ivoirien est déjà actif dans la recherche, participant à des colloques et poursuivant ses écrits, preuve de son engagement sérieux dans ce domaine.

En s'inscrivant à un programme spécifique, il a cherché à enrichir ses connaissances, obtenant ainsi un certificat en art-thérapie et en neurosciences. Il a étudié avec passion, renforçant ainsi ses compétences pour mieux comprendre comment l'art, et notamment la danse, peut avoir un impact thérapeutique sur la santé mentale et physique.

Bien que n'étant pas encore affilié à une école ou à une clinique spécialisée, Léandre Nali intervient dans un centre communautaire à Montréal, le Centre Saint-Sablon, où il pratique activement.

C’est là qu’il applique le programme d’exercices Feldenkrais. Cette méthode, développée par Moshe Feldenkrais, est une forme d’éducation au mouvement somatique, qui intègre le corps, l’esprit et la psyché, guidant le client à travers des mouvements pratiques et administrés verbalement.

En tant que chercheur, Léandre Nali propose sa méthode « la danse à l’africaine » dans ses séances. Cette approche combine des danses traditionnelles ivoiriennes telles que l'« Adjoss », le « Zaouli » et « Aloukou », qui font partie de son répertoire. Il met en évidence l'impact thérapeutique de la danse africaine, notamment dans le traitement de certaines maladies comme Alzheimer.

Il souligne que les études sur la danse en Afrique ne sont pas suffisamment axées sur ces questions, contrairement à d’autres régions où il a pu approfondir ses connaissances. Bien que ses séances soient principalement des coachings sportifs, il intègre ces danses traditionnelles pour améliorer la mobilité, la coordination et l'engagement physique de ses participants. Ces danses, riches en symbolisme et en énergie, apportent une dimension culturelle unique aux séances.

« La méthode que je propose s'inspire du quotidien des Africains », explique-t-il. « Je parle de ‘’danse à l'africaine’’ plutôt que de danse africaine, car cette danse provient de gestes quotidiens : puiser de l’eau, faire le ménage, etc. Ce sont ces activités qui permettaient de rester actifs et forts sans avoir besoin d’une salle de sport. »

Cependant, aujourd’hui, de nombreux jeunes souffrent de maladies liées à un mode de vie sédentaire. Il critique la sédentarité moderne, où l’on passe de longues heures assis, et cite des études qui montrent que l’activité physique régulière peut prolonger la vie de 14 à 17 minutes par session.

Il insiste sur l’importance de renouer avec des activités physiques quotidiennes pour maintenir une bonne mobilité et une meilleure qualité de vie. Selon lui, danser "à l'africaine" intègre ces gestes fonctionnels du quotidien, et il encourage chacun à réapprendre ces mouvements pour améliorer la santé et prévenir les effets de la sédentarité.

Ses clients sont satisfaits, comme en témoigne l’art-thérapeute. Après avoir intégré sa méthode « la danse à l’africaine » dans ses séances, il a observé des résultats positifs.

Par exemple, une femme de 70 ans, avec une mobilité réduite, qui n’avait jamais fait de sport, a retrouvé une mobilité impressionnante après six mois de travail intensif, principalement durant l’automne. 

Il a aussi accompagné des personnes ayant subi des accidents, qui ont retrouvé une certaine mobilité grâce à ses séances. De plus, il a travaillé avec des jeunes confrontés à des problèmes de coordination, qui ont pris conscience de ces difficultés au cours des séances.

La méthode "Nalienne", axée sur la mobilité, la coordination et la rééducation, produit des résultats concrets et est bien accueillie par les participants.

Léandre Nali voit dans la diversité des danses africaines un lien profond avec la vie sociale et économique. Par exemple, la danse « Tematé » de l’Ouest de la Côte d'Ivoire raconte l’histoire du riz, depuis sa semence jusqu’à sa récolte et sa consommation.

Cette danse reflète l'activité sociale et rappelle l’importance du travail. La danse « Dozodon », liée à la chasse, renforce le corps et contribue à la santé physique, en prévenant notamment les douleurs dorsales ou articulaires. Il critique la tendance contemporaine à privilégier des emplois sédentaires, notamment dans les bureaux, et souligne que les anciens, vivant dans les villages, sont en meilleure santé grâce à leur mobilité constante.

L’art-thérapeute Léandre Nali attire l'attention sur des maladies comme l'hypertension, le diabète et les problèmes sciatiques, souvent causés par un mode de vie sédentaire.

Il compare cela à la « vélorution » de l’Occident, qui privilégie l’usage du vélo plutôt que de la voiture, en insistant sur le fait que le mouvement corporel est essentiel pour éviter ces maladies. Il exprime également une préoccupation face à la progression des maladies neurodégénératives, comme Alzheimer et Parkinson, en Côte d'Ivoire.

À travers sa méthode ‘‘danse à l'africaine’’, Léandre Nali redonne vie aux gestes du quotidien, un remède innovant contre la sédentarité et les troubles cognitifs.

Importance de la danse comme thérapie

Léandre Nali met en lumière les bienfaits de la danse dans le traitement des maladies affectant le système moteur et cognitif, telles que les tremblements et la raideur musculaire, souvent associés aux affections neurodégénératives.

La danse stimule la production de substances chimiques bénéfiques dans le cerveau, améliorant ainsi les fonctions physiques et cognitives. 

Il insiste sur une approche globale pour prévenir et traiter ces maladies, en combinant une alimentation saine, un mode de vie actif et des pratiques comme la danse pour améliorer la santé physique et mentale.

Les Rencontres Chorégraphiques d'Abidjan : une plateforme pour la danse africaine

Pendant cinq ans, les Rencontres Chorégraphiques d'Abidjan ont réuni artistes, scientifiques et grand public autour de la danse africaine. Organisées par l’ONG Danse l’Afrique, fondée en 2011, ces rencontres ont valorisé la danse comme outil de développement culturel et social.

La plateforme a abordé des thèmes comme la préservation du patrimoine chorégraphique et l'avenir des danses traditionnelles africaines. Bien que le festival soit en pause, l’ONG continue ses projets, notamment avec la création d’un centre de recherche ethno-chorégraphique pour documenter et promouvoir les danses africaines. Un retour du festival est prévu, mettant l'accent sur l'éducation somatique et les pratiques culturelles africaines.

 

Patrick KROU