Élections 2025 : Dah Sansan Dihignité : « Il est important que chacun prenne conscience de sa responsabilité »
Élections 2025 : Dah Sansan Dihignité : « Il est important que chacun prenne conscience de sa responsabilité »
Alors que la Côte d'Ivoire se prépare pour les élections présidentielles de 2025, le climat politique et social reste marqué par des tensions. Dans ce contexte, des organisations de la société civile s'engagent activement pour promouvoir la paix, la réconciliation et la participation citoyenne.
Parmi elles, la Mission des Consciences Citoyennes (Micoci), créée en 2021, se démarque comme un acteur clé de la sensibilisation des jeunes aux enjeux politiques et sociaux du pays.
À la tête de cette organisation, Dah Sansan Dihignité, fervent défenseur de la citoyenneté active, évoque les missions de la Micoci, les défis à relever pour assurer des élections apaisées en 2025 et le rôle crucial que doit jouer la jeunesse ivoirienne. Dans cet entretien exclusif, il partage leur vision pour une Côte d'Ivoire réconciliée et unie.
Qu’est-ce qui a motivé la création de la Mission des Consciences Citoyennes (Micoci) en 2021, et quelles sont ses principales missions ?
« Vous savez, ma naissance dans les années 90 a coïncidé avec les premières crises électorales majeures en Côte d’Ivoire. Depuis 1993, chaque élection présidentielle est marquée par des tensions et, malheureusement, par des pertes humaines.
Avec des amis universitaires et professionnels, nous avons longuement réfléchi à ces problématiques récurrentes. Nous sommes arrivés à la conclusion que ces crises sont la conséquence de dysfonctionnements sociaux profonds, particulièrement touchant la jeunesse : le chômage, l’immigration clandestine, le manque de maturité politique, et même les problèmes de mœurs.
C’est pour cela que nous avons créé la Micoci. Nous avons pour mission d’éveiller les consciences citoyennes, surtout parmi les jeunes, afin de les aider à comprendre les enjeux nationaux et internationaux, et à devenir des acteurs positifs de changement dans la société ivoirienne. »
Comment Micoci mobilise-t-elle la jeunesse ivoirienne pour qu’elle s’implique activement dans les efforts de réconciliation nationale et les élections apaisées en vue de la présidentielle de 2025 ?
« Depuis la création de notre organisation, nous avons organisé deux grandes tournées nationales. La première portait sur la sensibilisation à la conscience citoyenne, et nous avons visité plusieurs villes du pays comme Daloa, Bouaké et Bondoukou.
Ensuite, en 2022-2023, nous avons mené une campagne de sensibilisation en vue des élections locales de 2023 et présidentielles de 2025.
Pour les élections de 2025, nous planifions une nouvelle tournée nationale, cette fois-ci en collaboration avec d’autres organisations de la société civile. L’objectif est d’identifier et de désamorcer les potentiels foyers de conflits bien avant les échéances électorales.
Nous voulons encourager une compétition électorale saine, où la défaite est reconnue avec fair-play, à l’image d’un match de football. »
Quels sont, selon vous, les principaux défis à surmonter pour garantir des élections pacifiques en 2025, et comment Micoci contribue-t-elle à relever ces défis ?
« Le premier défi, c’est l’absence de véritable réconciliation après la crise de 2010-2011. Il est essentiel d’ouvrir le débat sur les divisions actuelles dans notre société, ainsi que sur les frustrations de la jeunesse, notamment en matière d’emploi. Les jeunes sont au cœur des crises électorales, et tant que leurs problèmes ne sont pas adressés, les tensions subsisteront.
Un autre point crucial est de revoir l’organisation des élections. La Commission Électorale Indépendante (CEI) fait l’objet de critiques récurrentes, tant au niveau national qu’international.
Nous pensons qu’il est nécessaire d’assainir cet organe afin de garantir la transparence et la crédibilité des scrutins. La Micoci s’emploie activement à soulever ces questions auprès des autorités et à sensibiliser la population à ces enjeux à travers nos campagnes de terrain. »
Quel rôle estimez-vous que la jeunesse peut jouer dans le processus de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire ?
« La jeunesse a souvent été instrumentalisée lors des crises passées. Il est temps qu’elle prenne ses responsabilités et sorte de la passivité. À la Micoci, nous encourageons les jeunes à se détacher des logiques de division et à réfléchir par eux-mêmes, à partir des valeurs républicaines.
Ce que la jeunesse doit faire aujourd’hui, c’est refuser d’être à nouveau au centre des conflits et plutôt s’impliquer de manière active et constructive dans la réconciliation nationale. »
Quels outils ou initiatives Micoci met-elle en place pour encourager l’engagement citoyen de la jeunesse ivoirienne, en particulier dans le contexte politique actuel ?
« Nous organisons régulièrement des tournées de sensibilisation et des débats publics à travers tout le pays. Nous invitons également les jeunes à rejoindre des organisations citoyennes pour poser les vrais problèmes et faire entendre leurs voix.
Notre rôle est aussi de veiller à ce que les élections de 2025 ne basculent pas dans le chaos en promouvant une participation responsable et active de la jeunesse. »
Quelle est la vision à long terme de Micoci pour la jeunesse en Côte d’Ivoire et plus largement en Afrique ?
« Notre vision est de bâtir une organisation de jeunesse forte, enracinée dans les valeurs républicaines. Nous voulons que la Micoci devienne une référence en matière de conscience citoyenne en Côte d’Ivoire et au-delà, en Afrique.
Il est crucial que la jeunesse soit éduquée aux enjeux politiques et sociaux afin de faire des choix éclairés, basés sur les intérêts de la République plutôt que sur des affiliations ethniques ou partisanes. »
Comment Micoci collabore-t-elle avec d’autres mouvements citoyens pour atteindre des objectifs communs en matière de justice sociale et de réconciliation ?
« Nous identifions les organisations qui partagent nos valeurs et travaillons ensemble sur des plateformes communes. Ces alliances nous permettent de coordonner nos efforts pour sensibiliser la population et faire pression sur les décideurs. »
Quel message souhaitez-vous transmettre à la jeunesse ivoirienne face aux défis politiques actuels, notamment en lien avec les manifestations et l’approche des élections de 2025 ?
« Je veux dire à la jeunesse ivoirienne qu’elle doit se mobiliser pour la paix et le progrès de notre pays. Nous approchons des élections de 2025, et il est important que chacun prenne conscience de sa responsabilité. Il ne suffit pas de dire "je ne fais pas de politique" ; en réalité, l’avenir du pays nous concerne tous.
J’invite donc les jeunes à adhérer à des organisations citoyennes, à poser des actes responsables, et à refuser toute manipulation. C’est en prenant des initiatives que nous pourrons éviter les tragédies du passé et construire une Côte d’Ivoire plus juste et pacifique. »
Ousseni Sawadogo