La CAP Côte d’Ivoire sonne l’alarme : "Évitons la catastrophe" prévient Tidjane Thiam
La CAP Côte d’Ivoire sonne l’alarme : "Évitons la catastrophe" prévient Tidjane Thiam

À cinq mois de l’élection présidentielle ivoirienne, l’opposition regroupe ses forces. Samedi 31 mai 2025, la place Ficgayo de Yopougon, la plus grande commune du pays, s’est transformée en un véritable théâtre politique. Environ 50 000 militants ont répondu à l’appel du CAP Côte d’Ivoire, une plateforme regroupant 24 partis, dont le PDCI-RDA, le FPI et le MGC.
Tidjane Thiam alerte sur une "autocratie électorale"
Depuis Paris, en visioconférence, Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA et président de la conférence des présidents de CAP-Côte d’Ivoire, a dressé un diagnostic alarmant :
"Dans le rapport 2025 du V-Dem Institute, notre pays est désormais classé comme une autocratie électorale. Autocratie, ça veut dire dictature", a-t-il déclaré d’une voix grave.
Citant le classement mondial, il dénonce :
"La Côte d’Ivoire est 107e sur 179 pays, loin derrière le Ghana (50e) ou le Sénégal (69e)."
IDH : « Comparons-nous à des pays équivalents »
Sur le plan social et économique, Thiam pointe une stagnation du développement :
"Quand nous avons parlé de l’indice de développement humain, on nous a dit 'on s’en fout'. Aujourd’hui, c’est devenu la chose la plus importante. Le Ghana est 143e. Nous sommes 157e. Ce n’est pas acceptable."
Il a insisté sur l’urgence de réviser la liste électorale, dénonçant des manœuvres pour "annuler" sa légitimité à la tête du PDCI-RDA.
"Il faut que le maximum d’Ivoiriens puissent voter", a-t-il lancé, appelant au bon sens et à la modération.
Blé Goudé : "Ce pays-là, personne n’a d’ACD dessus"
Sur scène, les présidents de partis membres ont tour à tour pris la parole. Charles Blé Goudé, du COJEP, a fait vibrer la foule :
"Moi, je ne désespère pas de la Côte d’Ivoire. Ce pays-là, personne n’a un ACD dessus !", a-t-il martelé, réclamant un dialogue franc pouvoir-opposition.
Simone Gbagbo : "Les Dozos doivent rester chez eux"
Très attendue, Simone Ehivet Gbagbo, présidente du MGC et porte-parole du CAP, a enchaîné les punchlines. À propos de la présence annoncée des chasseurs traditionnels dans les villages, elle a été claire :
"Les Dozos ne font pas partie des forces de défense et de sécurité de la République. Ils n’ont qu’à rester chez eux."
Elle a également dénoncé une injustice territoriale :
"Le Nord n’est pas une chasse gardée du RHDP. Pourquoi un parti peut faire des meetings partout, et les autres pas ? Ce n’est pas légal."
À cinq mois de l’échéance présidentielle, les opposants affûtent leurs armes politiques. Une chose est sûre : la bataille pour une élection crédible est bel et bien lancée.
L’opposition exige un terrain de jeu équitable
À travers ce giga meeting, CAP-Côte d’Ivoire entend peser de tout son poids pour garantir des élections libres, équitables et apaisées.
"Nous voulons une CEI indépendante, un découpage électoral juste, et la fin du parrainage citoyen", a conclu Simone Gbagbo, sous une salve d’applaudissements.
Affi N’Guessan : "La CEI est prise en otage"
Pour Pascal Affi N’Guessan, leader du FPI, la crédibilité du scrutin passe par une refonte de la Commission électorale indépendante (CEI) :
"Le système informatique de la CEI est géré par KONÉ Sourou, représentant du Président Ouattara. Nous exigeons sa dissolution immédiate."
À cinq mois de l’échéance présidentielle, les opposants affûtent leurs armes politiques. Une chose est sûre : la bataille pour une élection crédible est bel et bien lancée.
Josué Koffi