Journée de la Femme/Passion et engagement : Lisa Kouadio, éleveuse canine, dévoile les secrets de son métier
Journée de la Femme/Passion et engagement : Lisa Kouadio, éleveuse canine, dévoile les secrets de son métier

Dans le secteur de l’élevage canin en Côte d’Ivoire, Lisa Kouadio est une figure singulière. À 44 ans, cette Ivoirienne, originaire de Botro et résidant aujourd’hui à Bouaké, incarne une passion rare pour les chiens. Son métier d’éleveuse canine, qu’elle exerce depuis cinq ans, est bien plus qu’une simple activité professionnelle.
C’est un véritable sacerdoce, un engagement de cœur, une vocation qu’elle partage avec son époux Pascal, un expatrié français amoureux de la Côte d’Ivoire.
Leur vie est rythmée par les besoins et les soins de leurs chiens, mais aussi par l’amour et la complicité qui lient Lisa à ces animaux, notamment ses adorés Malinois, Tervueren et Groenendael. Au mois de mars, où le monde entier célèbre les droits des femmes, Lisa Kouadio mérite d'être révélée comme une icône de résilience et de détermination.
Au cœur de son élevage à Bouaké, Lisa Kouadio veille sur ses bergers belges Malinois, Tervueren et Groenendael, transmettant son savoir-faire et son dévouement à chaque chiot.
Une passion née d’une rencontre
Lisa Kouadio n’était pas prédestinée à devenir éleveuse. Si son amour pour les animaux a toujours été présent, ce n’est que grâce à son mari que cette passion pour les chiens s’est concrétisée.
Un Malinois, offert par Pascal, est la source de cette vocation. « À l’origine, je ne connaissais pas vraiment les chiens. Mais mon mari m’a offert une chienne Malinois, Luna, et c’est grâce à elle que j’ai commencé à comprendre l’amour et la dévotion que l’on peut éprouver pour un chien », raconte Lisa. Luna n’était pas seulement un animal de compagnie : elle est devenue l’inspiration de Lisa, la complice de sa transformation en éleveuse, et le début d’un véritable engouement pour cette race de chien.
C’est ainsi que, lentement mais sûrement, Lisa s’est lancée dans l’élevage. D’abord avec Luna, puis avec plusieurs autres chiens, elle a appris au fil des années comment prendre soin de ces animaux si particuliers, les comprendre et les éduquer.
« Je me suis lancée sans vraiment savoir où cela me mènerait, mais au fil du temps, j’ai compris que c’était ce que je voulais faire de ma vie », confie-t-elle. Ce voyage, qu’elle qualifie aujourd’hui de passion, est devenu bien plus qu’un simple métier : il s’agit désormais de sa raison d’être.
L’élevage, une discipline exigeante
Élever des chiens de qualité, et en particulier des races comme les Malinois, Tervueren et Groenendael, n’est pas une tâche facile. Cela exige de la patience, de la rigueur, et surtout, une réelle implication. « Quand je me lève le matin, la première chose que je fais, c’est m’occuper des femelles qui allaitent leurs chiots.
Ensuite, à 10h, 12h, puis entre 17h et 18h, je m’assure que chacun de mes chiens mange correctement », explique-t-elle. Mais cette routine quotidienne, bien que stricte, est une source de satisfaction pour Lisa. Elle connaît chaque chien, leur caractère, leurs habitudes et leurs besoins. Les nourrir, les éduquer, prendre soin de leur santé, c’est un travail de chaque instant, qui ne connaît pas de pause.
C’est d’ailleurs un aspect fondamental de l’élevage canin que Lisa tient à souligner : l’amour et la dévotion qu’elle accorde à ses chiens ne sont pas seulement un luxe, mais une nécessité.
« Si vous aimez votre chien, il se dévouera entièrement à vous », répète-t-elle avec conviction. Les Malinois, notamment, sont des chiens très intelligents et protecteurs, mais ils demandent aussi une attention particulière. Ils ne peuvent s’épanouir que dans un environnement où l’amour et la discipline sont présents.
Pour garantir une qualité d’élevage, Lisa veille à ce que ses chiens soient bien traités et éduqués. « Les chiens ont des comportements naturels, mais il faut savoir les accompagner, leur offrir les bonnes bases d’éducation », souligne-t-elle. Par exemple, Luna, sa chienne phare, montre des signes évidents de compréhension et de communication.
« Luna peut aboyer pour signaler qu’elle a faim, mais elle sait aussi venir se mettre devant moi pour demander pardon lorsqu’elle fait une erreur. Ce sont des comportements qu’il faut savoir déchiffrer », explique Lisa, fière de la relation profonde qu’elle entretient avec ses animaux.
Vue de Luna, le premier chien berger belge Tervuren, qui a suscité la passion de Lisa Kouadio
L’élevage, un investissement coûteux
L’aspect financier de l’élevage canin est aussi un point crucial que Lisa aborde sans détour. Pour elle, l’élevage ne se résume pas à une activité lucrative, mais plutôt à un investissement humain et financier.
« Élever un chien de qualité, cela coûte cher. Nous préparons tous les repas de nos chiens nous-mêmes, avec des ingrédients frais comme du poisson, du poulet et des légumes. Ce n’est pas économique, mais c’est essentiel pour leur santé », confie Lisa.
En effet, elle calcule les dépenses de son élevage à environ 150 000 à 160 000 francs CFA par mois pour nourrir ses cinq chiens. À cela s’ajoutent les frais vétérinaires, les vaccins et les soins réguliers. Un investissement qui, pour elle, ne se mesure pas uniquement en argent, mais en amour et en temps consacré à ces animaux.
Lisa explique également que le coût de l’élevage est difficile à récupérer. Lorsqu’elle vend un chiot, elle précise que le prix demandé n’est jamais un simple profit. « Quand je vends un chien à 180 000 francs CFA, sur une période de 14 mois, je ne gagne presque rien. Le travail derrière est énorme, mais ce qui compte vraiment, c’est d’avoir des chiens en bonne santé », explique-t-elle avec réalisme.
L’éthique de l’éleveur et les risques du marché
Un autre défi auquel Lisa fait face est celui des faux éleveurs qui, pour des raisons commerciales, dévalorisent le marché de l’élevage canin en vendant des animaux maltraités ou mal élevés.
Ces pratiques, malheureusement répandues, nuisent à l’image de l’élevage responsable. Lisa met un point d’honneur à dénoncer ces pratiques et à expliquer aux potentiels acheteurs comment éviter les arnaques.
« Un bon éleveur ne se cache pas. Il doit pouvoir montrer son élevage, son cadre de travail, ses certificats vétérinaires. Si un éleveur refuse cela, il y a un problème », souligne-t-elle avec véhémence.
Pour Lisa, un élevage de qualité repose sur des principes simples : l’hygiène, l’attention, et le respect des animaux. Elle insiste aussi sur la nécessité de choisir des chiens avec une lignée saine, sans consanguinité, afin de garantir la qualité du chiot. « Il est important de vérifier la lignée du chiot, de ne pas se précipiter et de se rappeler que ce n’est pas un achat, mais un engagement à vie », martèle-t-elle.
Une vision pour l’avenir
Lisa n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. Son ambition pour l’avenir est de contribuer à améliorer les conditions d’élevage en Côte d’Ivoire. « Il faudrait des règles plus strictes, des contrôles vétérinaires réguliers, et une formation pour les éleveurs.
Cela aiderait à éliminer les mauvaises pratiques et à garantir une meilleure qualité des chiens », explique-t-elle avec une pointe d’espoir. Elle rêve d’une Côte d’Ivoire où l’élevage canin serait un secteur respecté, éthique et professionnel.
En attendant, Lisa continue à dévouer sa vie à sa passion, partageant son quotidien avec ses chiens et son mari, Pascal. Pour elle, il ne s’agit pas seulement de produire des chiens, mais de donner à chaque animal une vie de qualité, et d’offrir à ses clients des compagnons en parfaite santé.
Patrick KROU