Tuo David (Directeur de l’Apprentissage et de l’Insertion Professionnelle (Daip) : « Voici le profil des jeunes que nous allons recruter pour l’armée »

15/02/2023 - 12:54
Tuo David (Directeur de l’Apprentissage et de l’Insertion Professionnelle (Daip) : « Voici le profil des jeunes que nous allons recruter pour l’armée »

« L’Académie des Talents » et « L’École de la Deuxième Chance » permettent d’offrir des opportunités aux jeunes. A travers cette interview, le Directeur de l’Apprentissage et de l’Insertion Professionnelle (Daip), Tuo David, explique ces programmes et comment être bénéficiaires.

Quel bilan peut-on dresser à la fin de cette deuxième phase pour le recrutement, en partenariat avec les entreprises, Utexci et Palmci, de plus de 4000 jeunes ?

Pendant trois jours, nous avons menés des tests d’entretien pour plus de 10.000 jeunes qui se sont inscrits dans le cadre de ce recrutement. J’avoue d’ailleurs que nous avons été fort surpris de la forte mobilisation. Car, le dispositif a été mis en place en seulement une semaine sur les différentes plateformes du ministère de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’Apprentissage. Je rappelle que La société Palmci, filiale du Groupe Sifca, a besoin de 1073 personnes. L’entreprise Utexci a un besoin estimé de 3190 personnes pour les différents emplois proposés. Toutes les dispositions ont été prises, conformément aux instructions du ministre N’Guessan KOFFI, pour recevoir les candidats. Nous devons faire en sorte que chaque candidat puisse rejoindre nos centres de recrutement et les entreprises qui vont les accueillir.  Nous avons vu également la mobilisation des entreprises qui sont venues participer aux jurys. Nous avons mis en place des jurys mixtes. Les deux entreprises, Utexci et Palmci, ont mobilisé leur collaborateur. Chaque jury était composé de deux experts mandatés par les entreprises en plus des spécialistes métiers de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. 

Quel est le profil des jeunes que ces jurys mixtes composés des experts des entreprises et des spécialistes métiers du Metfpa ont sélectionné ?

Il faut rappeler que dans le cadre de la mise en œuvre des deux programmes du ministère, nous avons deux types de cibles. Pour « L’Académie des Talents », il s’agit de toutes les activités qui concourent à l'insertion de nos jeunes directement en relation avec les entreprises. Dans ce cadre, nous avons au total un recrutement de 500 jeunes pour les emplois en Cdd et Cdi dans 25 métiers pour ces deux grandes entreprises. Ce sont des emplois directs qui concernent des diplômés de la formation professionnelle. Ils sont titulaires d’un Certificat de qualification professionnelle (CQP) ou d’un Certificat d’aptitude professionnelle (CAP) ou d’un Brevet d’étude professionnel (BEP) ou d’un Brevet de Technicien (BT), quelquefois d’un Brevet de Technicien Supérieur (BTS). C’est ce qui concerne la première cible pour le Programme de « L’Académie des Talents ». Pour le Programme de « L'École de la Deuxième Chance » dont l’objectif est de donner une deuxième chance à des jeunes en quête de qualification et d’insertion, il s’agit du recrutement de près de 3000 jeunes pour l’entreprise Utexci et environ 700 personnes pour Palmci, destinés à des emplois de conducteur d’engin, de couturier, d’ouvrier agricole, de chef laboratoire etc…Dans le cas des projets de « L'École de la deuxième chance », il y a une formation pour tous les emplois afin de permettre aux candidats retenus d’obtenir à la fin du parcours un Certificat de qualification professionnelle (CQP). Cette dernière étape est suivie de l’embauche. Toute cette activité repose sur nos deux programmes « L’École de la Deuxième Chance » et « L’Académie des Talents ».

En ce qui concerne « L'École de la Deuxième Chance » de façon spécifique. Quel est le parcours qui attend les jeunes qui s’intéressent de plus en plus à ce programme ?

« L’Ecole de la Deuxième Chance » est un programme qui vise des personnes âgées d’au moins 16 ans sans limite d’âge. L’objectif est de leur donner de la qualification et de l’emploi directement, après la formation. Le processus est basé sur des discussions menées entre le ministère et les entreprises. Il s’agit d’identifier les besoins réels des entreprises. Nous nous mettons d’accord sur le processus de recrutement, de la formation et de l’embauche. Une fois que le processus est clairement défini, le ministère signe une convention avec l’entreprise. Une fois cette étape franchie, on lance les recrutements en ligne et les dépôts des dossiers dans les lieux convenus. Ensuite les dossiers sont collectés et traités, les jurys d’entretien prennent le relais. L’entretien peut se faire en plusieurs étapes selon les besoins de l’entreprise. Ils peuvent se faire à partir des tests mathématiques, des tests de langues ou encore des tests spécifiques accompagnés de l’entretien de motivation. Après quoi, nous délibérons pour aborder avec les candidats retenus la phase de la visite médicale avec les médecins du travail mandatés par les sociétés partenaires. A la fin, on délibère avant de proclamer les résultats. Cela concerne les recrutements par vagues successives. Ce qui fait que la base de données qui est constituée avec tous les candidats reste. A partir de celle-ci, nous appelons au fur et à mesure les jeunes afin de venir faire des entretiens complémentaires pour les autres structures demandeurs. L’objectif est de former en CQP ceux qui n’ont pas de compétence en 3 ou 6 mois, afin de les mettre immédiatement à la disposition des entreprises pour leur besoin général et leurs besoins spécifiques. Lorsque vous prenez un métier comme celui de « Couturier », il est destiné à Utexci. Celui « d’Ouvrier agricole » concerne Palmci.

Vous insistez sur le point de la totale transparence de tout le processus de recrutement et le caractère totalement gratuit de toutes les étapes ?

Le processus est totalement gratuit. Nous ne demandons aucune somme aux jeunes et aux autres candidats pour faire l’entretien, le dépôt des dossiers, la visite médicale. C’est le cas pour ces deux recrutements Utexci et Palmci. Quiconque demande de l’argent pour un programme de « L’Ecole de la Deuxième Chance » est un imposteur.

On sait Monsieur le Directeur que d’autres sites ont été retenus à l’intérieur du pays pour mener ces recrutements. Comment l’opération s’y déroule ?

Pour le processus de recrutement de Palmci, nous avons voulu commencer par Abidjan. Tous les dossiers pour les métiers de Chauffeur véhicule léger, chauffeur poids lourd, conducteur d’engins, ouvrier agricole, pompiste, agent de sureté, tractoriste, agent administratif, agent de laboratoire, agent prélèvement, aide assistante sociale, cuisinier, fille/garçon de salle, Gérant Guest House, Gestionnaire pharmacie, mécanicien, menuisier soudeur, infirmier, sage-femme, technicien en analyse des eaux … se déroulent à Abidjan. Nous allons étendre le recrutement à l’intérieur du pays dans nos directions régionales. Cela va permettre à tous ceux qui y sont également déposer leur dossier. Surtout pour le métier d’ouvrier agricole où les candidats doivent juste savoir lire et écrire. Les jeunes retenus seront formés sur place dans les localités. Ensuite, ils seront mis à la disposition de Palmci. Ce sera la même chose pour Utexci où le « Métier de Couturier » est un métier fortement sollicité. Nous allons également étendre le recrutement dans nos établissements et Directions Régionales. Les entretiens des candidats vont se faire sur place. Notre objectif est de donner la chance à tous les Ivoiriens quel que soit le lieu où il se trouve sur le territoire de participer au processus de construction du pays et de développement des entreprises à travers nos programmes. Notamment, le Programme de « L’Ecole de la Deuxième Chance ».

Le Ministère de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’Apprentissage vient également d’être sollicité par l’Etat-major des Armées pour le recrutement de jeunes spécialistes ? Quel est le profil des jeunes qui seront recrutés ?

L’Etat-Major Général des Armées en collaboration avec le Ministère de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’Apprentissage (METFPA), lance effectivement un recrutement des personnels spécialistes dans vingt-six (26) métiers. Les jeunes qui peuvent faire acte de candidature doivent être de nationalité ivoirienne âgée de 18 ans à 26 ans au plus, au 31 décembre 2023, avoir une taille minimale de 1m 65 pour les hommes et 1m 60 pour les femmes et être médicalement et physiquement apte. Les préinscriptions se font en ligne du 06 au 16 février sur le site https://bureauconcours.armes.gouv.ci. Les inscriptions et les dépôts des dossiers se déroulent au bureau concours de l’Etat-Major Général des Armées du 06 au 25 février 2023. Le dossier de candidature doit comprendre un (01) extrait d’acte de naissance datant de moins de six (6) mois, un (01) certificat de nationalité ivoirienne datant de moins de six (6) mois, un (01) casier judiciaire datant de moins de trois (3) mois et une (01) photocopie légalisée du diplôme ou certificat. Les candidats devront subir une visite médicale préliminaire, une enquête de moralité, une visite médicale approfondie et une évaluation pratique du métier dans un établissement de formation Professionnelle. Les métiers concernés sont le Génie-Electrique, Génie Civil Bâtiment, Génie Mécanique, Moniteur-éducateur (Exclusivement féminin) et Informatique.

Derrière tout ce dispositif, il y a une vision, celle du ministre N’Guessan Koffi, cette volonté de redonner espoir à tous ces jeunes et à surtout déceler un talent en chacun de ces candidats en quête d’emploi… 

Nous disons qu’en chaque enfant et jeune aujourd’hui, il y a un potentiel. Lors des entretiens, nous voyons bien l’envie de travailler dans les yeux de ceux-ci, de mener une vie digne et de contribuer au développement du pays. Un jeune qui se soumet à ce type de test, c’est qu’il ne veut pas aller voler et faire du mal à qui que ce soit. Ces jeunes que nous avons reçus veulent honnêtement gagner leur vie. Notre devoir est de réussir ce pont entre ceux que nous avons la responsabilité de former dans nos écoles et les entreprises directement. Puis, d’aider tous ces jeunes qui ont dû abandonner et qui cherchent cette « École de la Deuxième Chance ». Parfois ces enfants ont abandonné les bancs à cause d’un petit malentendu familial ou de santé. Cela ne veut pas dire qu’ils étaient nuls et qu’ils n’avaient pas de compétences. Il nous faut leur redonner la chance. C’est cette vision que Monsieur le ministre N’Guessan Koffi partage avec l’ensemble de ses collaborateurs. Il nous faut créer ce lien étroit entre l'École et l’entreprise pour l’adéquation Formation/Emploi. Nous sommes en train de basculer de plus en plus dans les programmes de formation-insertion. Nous allons plus basculer dans le dispositif Dual de sorte à permettre que l’enfant passe 25% de son temps à l’école et les 75% autres en entreprise pour des apprentissages. Nous voulons faire en sorte que le jeune soit immédiatement embauché. Même s’il n’est pas embauché, il y a un programme d’auto-emploi qui est conçu pour le prendre en charge. De sorte qu’à la fin, nous ayons 100% d’insertion.

Le Président de la République a décrété 2023 comme l’année de la jeunesse. Les jeunes fondent beaucoup d’espoir sur la mise en œuvre des deux programmes phares du ministère de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’Apprentissage ...

Nous avons beaucoup de partenariats. C’est l’occasion pour moi de lancer un appel aux entreprises. Nous ne faisons pas que du recrutement. Nous effectuons de l’accompagnement pour le développement des ressources humaines des entreprises. Nous savons tous que la compétitivité d’une entreprise repose sur la qualité des ressources humaines. C’est pourquoi, nous avons une vision avec chacune. Lorsque vous prenez Utexci, il s’agit d’aider une entreprise à renaître et d’aider un secteur, celui du textile, à se développer. Ces entreprises, Utexci, Palmci et les autres entreprises partenaires, sont des championnes nationales. L’Etat a le devoir de les accompagner pour la création de milliers d'emplois. Nous jouons notre part pour développer et former les ressources humaines afin d’aider ces entreprises. Nous allons concevoir un plan d’accompagnement pour celles qui viendront avec nous dans le cadre des deux programmes de « L’Ecole de la Deuxième Chance » et de « L’Académie des Talents ». (…) Pour terminer, nous voulons dire merci au président de la République. Parce que dans son discours à la nation du 31 décembre 2022, le Programme de « L’Ecole de la Deuxième Chance » a été beaucoup mis en valeur. Ce discours a suscité des espoirs. Nous allons retrousser nos manches pour relever les défis. Cela afin de développer une Côte d’Ivoire Solidaire pour toutes nos populations.    

La Rédaction et la Dircom