Man : La grande mosquée des sunites rouvre ses portes après neuf ans de fermeture

Man : La grande mosquée des sunites rouvre ses portes après neuf ans de fermeture

01/03/2025 - 18:24
Man : La grande mosquée des sunites rouvre ses portes après neuf ans de fermeture
Man : La grande mosquée des sunites rouvre ses portes après neuf ans de fermeture

Après neuf années de silence, marquées par une profonde division, la grande mosquée des sunites de Man a accueilli sa première prière d’après-crise, ce vendredi 28 février 2025.

Cet événement historique marque un tournant décisif pour la communauté musulmane de Man, réunie dans un élan de réconciliation et de pardon.

Fermée depuis 2016 en raison de désaccords sur l’élection d’un Rais régional de l’Association des Musulmans Sunnites de Côte d’Ivoire, cette mosquée située au quartier Domoraud était devenue le symbole des tensions internes à la communauté.

Aujourd’hui, grâce à une médiation conduite par le premier magistrat de Man, un protocole d’accord a permis de rouvrir cet espace de culte, porteur d’un message fort d’unité et de cohésion.

Une prière inaugurale sous le signe du pardon

Le maire de Man, Aboubakar Fofana, président du comité de gestion mis en place pour superviser la réouverture, a exceptionnellement officié en qualité d’imam de circonstance.

Lors de son sermon, El Hadj Aboubakar Fofana a tenu à rappeler les valeurs fondamentales de l’islam : « Le musulman est celui qui met Dieu et le bien commun au-dessus de ses émotions et de ses différends. Cette mosquée est désormais une maison commune où aucun clan ne doit prévaloir. »

Il a également annoncé une nouvelle organisation de la mosquée : l’imamat central sera assuré par Cheick Sidibé Mohamed, secondé par Cheick Hassan Touré, tandis qu’un comité de gestion inclusif veillera à la bonne marche des activités jusqu’à ce que la justice se prononce définitivement sur le différend initial.

Des témoignages empreints d’émotion

La réouverture a attiré des fidèles venus de tous les quartiers de Man, certains pour exprimer leur soulagement, d’autres leur espoir.

Sangare, une fidèle présente dès les premières heures de la prière, témoigne : « Cela fait neuf ans que nous priions séparément, parfois dans la douleur. Aujourd’hui, je vois mes frères et sœurs réunis, et je ne peux contenir mes larmes. L’islam est une religion de paix, et c’est cette paix que nous retrouvons ici. »

Pour Adama Coulibaly, un ancien membre actif de la communauté, la réconciliation est un véritable miracle : « Nous avons traversé des années sombres, mais grâce à la médiation du maire et des leaders religieux, nous sommes enfin prêts à tourner la page.

La mosquée est plus qu’un lieu de prière ; c’est un symbole d’unité pour tous les musulmans de Man. »

Un long chemin vers la réconciliation

La réouverture de la mosquée est le fruit d’efforts de médiation intenses. Le maire, épaulé par le préfet de région, a travaillé sans relâche pour aplanir les divergences entre l’Association des Compagnons de l’Islam et le Conseil Supérieur des Imams et Structures Sunnites de Côte d’Ivoire (CODISS).

« Nous avons fait en sorte que chaque partie propose des représentants pour assurer l’imamat, et nous avons élaboré un mode de gestion collégial.

Nous espérons que cet accord permettra de guérir les blessures et d’éviter tout retour à la division », explique le président du comité de gestion.

Une communauté tournée vers l’avenir

Dans la foule, d’autres voix appellent à préserver cette unité nouvellement retrouvée. « Ce qui nous divise est insignifiant face à ce qui nous unit : notre foi en Allah, » déclare Fatoumata Diabaté, mère de trois enfants.

« Nos enfants doivent apprendre de nous que la mosquée est un lieu de paix et de communion, pas de disputes. »

L’événement s’est clôturé par une prière collective émouvante, durant laquelle les fidèles, en larmes, ont imploré Allah pour qu’il renforce la fraternité et la cohésion au sein de leur communauté.

La grande mosquée des sunites de Man est désormais ouverte, mais le chemin de la réconciliation reste à construire.

Pour l’heure, cet acte d’unité marque un pas vers un avenir où la foi l’emporte sur les différends humains, et où l’islam reprend toute sa place comme une religion d’amour et de paix.

 

Momo Rachid