" L’impair de la nation " de Joseph E. Mwantuali : Une parodie de la trajectoire d’un grand nombre de dirigeants africains

" L’impair de la nation " de Joseph E. Mwantuali : Une parodie de la trajectoire d’un grand nombre de dirigeants africains

09/10/2023 - 10:51
" L’impair de la nation " de Joseph E. Mwantuali : Une parodie de la trajectoire d’un grand nombre de dirigeants africains

" L’impair de la nation " est un roman écrit par Joseph E. Mwantuali et publié par les " Editions Présence Africaine ", en 2022.

L’auteur est originaire de la République Démocratique du Congo (RDC). Il réside actuellement aux États-Unis, où il enseigne la littérature au Hamilton Collège de Clinton, dans l’État de New-York. 

Le récit s’étale sur 462 pages. Un récit de péripéties du jeune Ndenga assigné à résidence par le Guide Suprême, Père de la Nation. Le lecteur se voit entraîner par un exposé sur la culture traditionnelle africaine. Une  invite à redécouvrir et à valoriser cette culture.

Avec l’auteur, nous descendons donc dans ce. Continent souvent méconnu. La plume usitée par l’écrivain est à l'encre de l'humour et de la dérision. 

Elle ne fouine pas que dans la culture traditionnelle, elle s'engage aussi et surtout à mettre en relief la féminité, la femme africaine, notamment dans la mission qui doit être la sienne, dans cette Afrique, c'est-à-dire sa part dans l’édification d'une Afrique nouvelle.

" ... Le titre d'abord: nous savons que les dictateurs de tous bords, Staline, Sékou Touré, Mobutu Sese Seko et Maseke Ya Ngulu Loko Loko San adorent se baptiser " Père de la Nation ". Ainsi, ils affirment que sans eux, la société qu'ils ont dépouillée n'existerait pas. Par un jeu moqueur d’orthographe et de la signification, Mwantuali change  " Père " en " Impair ".

Nous savons ce que ce deuxième mot veut dire et le rire est lâché. Une autre image vient à l'esprit : l' " imper " (autre variation) est un vêtement qui couvre ce qui est porté en-dessous et symbolise l’étouffement de réalités précédentes. 

L’histoire de ce roman est apparemment simple. Le jeune Ndenga est assigné à résidence par le Guide Suprême, dans le village natal de ses parents d'origine guerrière ,batanda ... Et bien plus qu'un simple exposé, une redécouverte et une valorisation ( ndlr: de la culture traditionnelle africaine ). Le lecteur est amené à se plonger dans un passé trop souvent méconnu et travesti.

Cependant, il y a plusieurs manières de décrire la culture africaine. Il existe un ton solennel et inspiré, un peu sentencieux, par exemple celui de Amadou Hampàté- Bà ou celui que j’utilisai moi-même en écrivant,’ Ségou.

Le ton qu’adopte  Mwantuali se situe aux antipodes de cela. Il est lui aussi à la limite de la dérision et de l'humour, qu'on en juge plutôt: " Le Monde est une forêt, mais chaque arbre est enraciné sur sa source personnelle. Participe à la forêt, nourri de ta propre sève ", " Connais ton instrument ainsi que ton rôle dans le grand orchestre et tu ne joueras pas de fausse note..., " La poule navale que ce qui sied à don gosier "...

Quelle réaction le lecteur doit-il avoir ? Toute l’ambiguïté de ce livre attachant, dérangeant, provocateur, est là. Certains aspects du texte sont plus faciles à déchiffrer, par exemple quand l'auteur nous décrit la trajectoire singulière de Maseke Ya Ngulu Loko Loko San Tan. C’est une parodie de la trajectoire d'un grand nombre de dirigeants africains ...