Korhogo / Campagne de mangues : une source de revenus pour de nombreux jeunes sans emploi

Korhogo / Campagne de mangues : une source de revenus pour de nombreux jeunes sans emploi

23/02/2025 - 07:17
Korhogo / Campagne de mangues : une source de revenus pour de nombreux jeunes sans emploi
Korhogo / Campagne de mangues : une source de revenus pour de nombreux jeunes sans emploi

Les campagnes annuelles de mangues sont une activité lucrative dans les zones de production du Nord. Chaque année, elles emploient des centaines de jeunes à Korhogo, tous sexes confondus.

Durant l'intercampagne, les gains engrangés leur servent de fonds de commerce, de frais pour la construction de maisons, de salons de coiffure, l'achat de taxis-motos, etc.

Les différents maillons du réseau de commercialisation

L'activité de la vente des mangues suit un certain nombre d'étapes. Tout commence avec les producteurs possédant des vergers, regroupés en coopératives telles que la COMAKO (Coopérative des mangues de Korhogo).

Ils sont donc les fournisseurs. Les récolteurs, eux, ont pour tâche de cueillir les mangues dans les champs à l'aide de perches et de les disposer dans des caisses. Un chef d'équipe veille au bon déroulement de ce travail. 

Le pisteur joue le rôle d'intermédiaire entre l'exportateur et les paysans ; il gère les paies journalières des récolteurs, la location des bâches qui assurent le transport vers les unités de conditionnement.

Combien gagnent les employés ?

Un récolteur est payé 1 500 FCFA par jour. En plus de son salaire, il a droit à 400 FCFA représentant le prix du petit déjeuner et du dîner, soit 200 FCFA par repas.

Quant au chef d'équipe, il perçoit 2 000 FCFA quotidiennement. Sa ration alimentaire est assurée par le pisteur qui coordonne toutes les actions. 

La location d'une bâche coûte 15 000 FCFA par jour, sans oublier la nourriture du chauffeur (2 000 FCFA) ; le ravitaillement en carburant s'élève à 5 000 FCFA. Ce qui donne un total de 22 000 FCFA par jour.

La provenance des mangues et les variétés recherchées

Le district autonome des Savanes constitue la plus importante zone de production, notamment Sinématiali (Wolo), Ferké, Boundiali et Korhogo.

Précisément dans la cité du Poro, les acheteurs se rendent généralement en rase campagne. Selon Justin Silué, un pisteur bien connu de la place, le prix d'une caisse est de 2 300 FCFA. Il en faut 45 pour un chargement complet d'une bâche. 

Trois variétés de mangues font l'objet de la campagne. La variété Amélie (greffée) avec laquelle débute la campagne, d'une durée maximale de deux semaines. Cette première qualité est suivie de la Kent, la mangue la plus recherchée pour sa qualité exceptionnelle ; sa cueillette se déroule pendant un mois et demi. 

La période prend fin avec une troisième variété appelée Keitt. Une fois acheminées à l'usine, les mangues sont d'abord triées et mises en cartons avant d'être transportées dans des conteneurs vers le port d'Abidjan. En 2022, on comptait une douzaine d'unités de conditionnement installées à travers la ville de Korhogo, particulièrement dans la zone industrielle.

Rien ne se perd…

Les écarts de mangues, communément appelés « déchets », sont vendus aux femmes. Selon dame Traoré S., ces mangues ne représentent aucun danger pour le consommateur.

Seulement, à la moindre piqûre de mouche ou égratignure constatée pendant le tri, on les retire des stocks en raison de l'exigence de la clientèle extérieure.

Les revendeuses approvisionnent les marchés locaux et une partie est acheminée vers San-Pedro et Abidjan. « On gagne parfois 300 000 FCFA à chaque campagne ! », a révélé notre interlocutrice, affichant un sourire radieux.

Faire face à la rude concurrence d'autres pays producteurs d'Amérique latine

Quelques années plus tôt (les 17 et 18 novembre 2022), les acteurs et experts de la filière ont, lors de la 3e édition de la conférence internationale sur la mangue de Côte d'Ivoire, planché sur les stratégies permettant de s'orienter vers la recherche et la technologie visant l'amélioration de la productivité ainsi que le renforcement de la compétitivité à l'échelle mondiale.

Ce, en partenariat avec la Fédération du commerce et de l'exportation allemande BDEx, à la satisfaction du président de l'Interprofession Mangue de Côte d'Ivoire, Pascal Nembelessini.

Notons que la filière mangue génère par an plus de 9 milliards FCFA dans les 7 régions productrices du septentrion ivoirien.

DAVID KONE Correspondant, district des Savanes.