Abatta village : un affrontement entre les populations évité de justesse.
Abatta village : un affrontement entre les populations évité de justesse.
Le village d’Abatta a failli encore marquer l’actualité abidjanaise de la semaine. En effet, le samedi 04 janvier dernier, les populations en majorité les femmes et les jeunes, sont sorties massivement pour faire sortir « manu-militari » du village un groupe de personnes, natives d’Abatta, conduit par Abito Joseph.
L’affrontement a pu être évité de justesse grâce à l’intervention d’Ahouo Alexis, 1er responsable du comité Ad Hoc de gestion du village d'Abatta mis sur pied pour maintenir l’équilibre social et religieux après le retrait du Chef Domo Yacinthe Crital Méval.
A l’effet de savoir les raisons de ce mouvement d’humeur, dame Djro Hélène de la génération Tchagba et porte-parole des femmes du village explique que le 1er janvier 2024, une délégation de plusieurs personnes expulsées du village depuis quatre ans suite à la crise de chefferie, a fait irruption aux environs de 17 heures dans le village pour aller s’installer au Restaurant ‘’Lac Tibériade’’, un site situé au bord de la lagune.
Approchés par des membres du comité ad hoc de gestion pour s'enquérir des raisons de leur présence en ces lieux, ils ne font aucune difficulté à reconnaître leur tort et implore le pardon des populations. La délégation sortit du village sans heurt tout en faisant la promesse de ne plus récidiver.
« Mais à notre grande surprise, ce samedi matin, les revoilà au même lieu. Une telle attitude est une défiance, une provocation et désir manifeste de créer un affrontement », indique dame Djro Hélène.
Mais pourquoi empêcher des natifs du village venir librement dans leur propre village en ces jours de nouvel an ? A cette question, elle répond pour dire que les personnes dont il s’agit ont été chassées du village suite à une crise qui s’est soldée par des violences et du sang versé à cause d’un arrêté injustement attribué à Abito Joseph par l’administration ivoirienne au détriment de Djomo Yacinthe Cristal Méval, désigné selon les Us et Coutumes.
Suite à ces affrontements dira-t-elle, le groupe à l’origine de la crise avec à sa tête, le détenteur de l’arrêté, a été banni et chassé du village depuis ce jour (2021). « Notre Chef du village Djomo Yacinthe a, alors introduit une requête en annulation dudit arrêté auprès du Conseil d’Etat.
Après plusieurs mois, voire années, cette institution suprême, contre toute attente, décide de maintenir le village dans la crise en rejetant notre requête. Alors que le village avait retrouvé sa quiétude depuis leur départ sous son Chef Djomo. Pour le respect des lois et la paix dans le village, le Chef Djomo a décidé de se retirer.
Mais Abito lui continue de s’accrocher au lieu de suivre l’exemple de Djomo afin que nous puissions choisir un chef consensuel. Après le départ de Djomo, le Maire, notre fils et le Sous-préfet ont initié la réconciliation des filles et fils du village afin que ceux qui ont été bannis du village reviennent suite à des sacrifices et des rituels d’exorcisation.
Il a été dit au cours des réunions successives qui ont débuté mi-août qu’il doit avoir lieu le rapprochement, le règlement du conflit et à la fin un rituel de purification avant l’entrée des frères dans le village.
Parce que si cela n’est pas fait, des malheurs risquent de s’abattre davantage sur le village. Voyez-vous, en décembre dernier, trois de nos enfants sont mystérieusement noyés dans la lagune. Ces rituels prévus ne sont pas encore faits et voilà qu’ils se retrouvent au village.
Ce qui montre que Abito Joseph n’aime le village et veut le malheur du village. De nombreuses personnes sont décédées au village et il n’est jamais venu.
C’est aujourd’hui qu’il se souvient d’Abatta ? Il ne sera jamais notre Chef, c’est pourquoi on les a chassés. L’arrêté n’est pas pour lui, c’est pour la population. Qu’il nous ramène notre arrêté pour rester là où il est. Les populations ont besoin de leur arrêté qui se trouve entre ses mains », a-t-elle conclu.
C’est le lieu d’interpeler l’Etat de Côte d’Ivoire sur l’urgence de régler définitivement, et de la meilleure des façons, la crise de chefferie.
Pourquoi la Médiature de la République et la Chambre des Rois et Chefs Traditionnels de Côte d’Ivoire restent-t-elles muettes sur les conflits en pays atchan ?
La médiation pour ces conflits ne fait-elle pas partie de leurs missions régaliennes ? Faut-il attendre que le pire arrive avant de prendre les dispositions qui s’imposent ?
L S