Tribalismes et régionalismes en politique : La Côte d’Ivoire à la croisée des chemins
Tribalismes et régionalismes en politique : La Côte d’Ivoire à la croisée des chemins

Depuis l’instauration du multipartisme en 1990, la Côte d’Ivoire a vu émerger de nombreux partis politiques censés incarner les aspirations citoyennes. Pourtant, nombre de ces formations ont été bâties sur des fondations ethniques ou régionales, entraînant une segmentation préoccupante de l’espace politique.
Le PDCI-RDA, souvent perçu comme le parti « baoulé », le FPI, associé à l’ouest du pays, ou encore le RDR (devenu RHDP), considéré comme le parti du nord, illustrent cette dynamique.
Les leaders politiques, par leurs origines, ont cristallisé autour d’eux des soutiens fondés davantage sur l’identité communautaire que sur des projets de société. Résultat : l’ethnie ou la région d’origine est devenue, pour beaucoup, un critère de choix électoral.
Cette logique a nourri un triptyque ethnique Baoulé, Malinké, populations de l’ouest qui domine encore largement la vie publique.
En 2010, l’appel de feu Henri Konan Bédié à soutenir Alassane Ouattara a démontré la puissance de ces alliances identitaires, déterminantes dans l’issue du scrutin présidentiel.
Mais peut-on construire une nation sur des clivages ? Non.
Le tribalisme et le régionalisme affaiblissent le tissu social, entretiennent la méfiance et bloquent l’émergence d’un véritable sentiment national.
Cette tendance s’observe jusque dans la diaspora, où les Ivoiriens se regroupent souvent par communauté d’origine, reproduisant à l’étranger les divisions internes du pays.
Il est urgent que les leaders politiques, les intellectuels et la société civile s’élèvent contre cette fragmentation. Construire une nation, c’est dépasser les appartenances premières pour embrasser une vision collective. C’est refuser de réduire un individu à son nom, sa langue ou son village.
L’avenir de la Côte d’Ivoire ne peut être fondé sur des appartenances tribales.
Il doit reposer sur des valeurs partagées, un idéal commun et une volonté ferme de bâtir ensemble. C’est à ce prix que nous garantirons la paix, la justice et le progrès pour les générations futures.
Adou Evariste Analyste politique